Partagez la richesse

(17e dimanche ordinaire : 1 Rois 3, 5-12 ; Romains 8, 28-30 ; Matthieu 13, 44-52)

Quand nous disons que nous aimons quelque chose—un mets préféré, le sport ou la musique—c'est une simple façon de dire que nous y prenons un plaisir particulier.

Ce n'est pas exactement le sens lorsque, dans le psaume d'aujourd'hui, nous disons au Seigneur : « J’aime tes volontés, plus que l’or le plus précieux ». Quelle est la différence ? La réponse se trouve dans le possessif ‘tes’. Le psalmiste n'est pas un juriste qui aime résoudre toutes les subtilités (et trouver les failles) de la loi. Le contexte est ici sa prière, adressée au Dieu qu'il aime.

Dans l'Évangile, les deux premières paraboles cherchent à démontrer que le royaume des cieux est de si grande valeur, qu'il faut être prêt à vendre tout ce que l'on possède pour l’obtenir.

Il y a, tout de même, une différence importante entre le trésor caché dans le champ et le royaume des cieux. Dans le premier cas, la personne qui trouve le trésor, nous le supposons, le garde pour elle-même, ou s’en sert pour s'enrichir davantage.

Mais dans le cas du royaume, celui qui l'a trouvé et l'aime est porté à le partager.

La Bible est un véritable trésor que Dieu nous a donné. Est-ce que nous l'apprécions ? Elle nous fournit une richesse de Sagesse, de Savoir, de Commandements et de Préceptes qui nous guident sagement. Les aimons-nous ? Et en plus de tout cela, nous avons les sacrements. Aimons-nous ces perles de grande valeur, détenues par la communauté des croyants ?

Ces réflexions hebdomadaires sont dédiées à ceux qui aiment la Salette. Encore ici, il s’agit tout d’abord de notre amour pour une certaine Belle Dame, qui se nomme Celle qui pleure, et qui est venue nous rappeler les trésors que le Seigneur a mis à notre disposition.

Dans le texte complet de l'Évangile d'aujourd'hui, Jésus demande : « Avez-vous compris tout cela ? » Ne serait-il pas merveilleux si, comme ses disciples, nous pouvions répondre : "Oui" ? Pas besoin d'être théologiens ou spécialistes des Écritures. Le psalmiste nous le rappelle : « Déchiffrer ta parole illumine, et les simples comprennent ».

Ainsi que pour le royaume des cieux, la Salette n'est pas quelque chose à sauvegarder pour nous seuls. Nous avons reçu la charge de faire passer le message à tout son peuple.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Venez, écoutez, vivez

(18e dimanche ordinaire : Isaïe 5, 1-3 ; Romains 8, 35-39 ; Matthieu 14, 13-21)

« Venez, sans argent, sans rien payer », dit Isaïe en promettant une abondance de nourriture et de boisson. Qu’est-ce qui pourrait mieux attirer ?

À la Salette aussi l'abondance se promet—des monceaux de blé et des pommes de terre trouvées ensemencées par les terres—mais à une condition : la conversion. Isaïe semble préférable.

Mais ils ne diffèrent pas du tout. Lisez quelques lignes plus loin dans Isaïe, vous trouvez : « Écoutez-moi bien, et vous mangerez de bonnes choses, vous vous régalerez de viandes savoureuses ! Prêtez l’oreille ! Venez à moi ! Écoutez, et vous vivrez ». Le prophète envisage un peuple qui vit selon la parole de Dieu. Il lance un appel à la conversion, et le souligne plus explicitement quelques versets après notre lecture : « Que le méchant abandonne son chemin, et l’homme perfide, ses pensées ! Qu’il revienne vers le Seigneur qui lui montrera sa miséricorde ».

Dans l'Évangile, la vision d'Isaïe se voit accomplie. Des gens de plusieurs villages viennent écouter Jésus. Lorsque ses disciples suggèrent que la foule soit renvoyée pour se procurer de la nourriture, il les nourrit, sans argent, sans rien payer.

Jésus a pris le pain, l’a béni, rompu, et donné à ses disciples à distribuer. Ce n'est pas encore la dernière Cène, mais le lien est évident.

Il n'est donc pas étonnant que Notre Dame de la Salette mentionne l'Eucharistie dominicale. C'est là où son peuple peut rencontrer son Fils, être nourri par lui et trouver force pour la route.

En tant qu'individus, communautés et nations, il faut s’attendre à des crises et des tragédies telles que celles énumérées par saint Paul dans la deuxième lecture.

L'antienne d'entrée d'aujourd'hui reflète une telle situation : « Viens me délivrer, Seigneur, Dieu, viens vite à mon secours : tu es mon aide et mon libérateur, Seigneur, ne tarde pas » (Ps. 69). La Belle Dame n'a pas trouvé une telle attitude chez son peuple. Au lieu de crier vers Dieu, ils blasphémaient son nom.

Lorsque nous prions du fond du cœur, « Tu es mon libérateur, Seigneur », nous avons confiance qu'aucune force en dehors de nous ne pourra nous séparer de l'amour du Christ. Puisse-t-il nous préserver de jamais nous détourner de lui.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Retour à l'essentiel

(16e dimanche ordinaire : Sagesse 12, 13-19 ; Romains 8, 26-27 ; Matthieu 13, 24-43)

Ceux qui découvrent la Salette sont surpris quand ils lisent les paroles de la Belle Dame : « Je vous ai donné six jours pour travailler, je me suis réservé le septième, et on ne veut pas me l'accorder ». Ils se disent à juste titre : c'est le jour du Seigneur, pas de Marie. 

C'est vrai, mais la réponse vient en reconnaissant la nature et le ton bibliques de son message. Dans les prophètes et surtout dans les psaumes, nous devons parfois supposer qui parle, et ajouter mentalement : « Ainsi parle le Seigneur ». C'est le cas ici, aussi bien, du message de Marie.

La sanctification du sabbat nous vient du troisième Commandement. La Sainte Vierge fait également allusion au deuxième, « Tu n’invoqueras pas en vain le nom du Seigneur ton Dieu », lorsqu'elle parle du « Nom de mon Fils ».

Les deux se basent sur le premier Commandement : « Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage. Tu n’auras pas d’autres dieux en face de moi ».

Cela a toujours posé un problème. Nous devenons facilement esclaves d'autres dieux.

C'est pourquoi le livre de la Sagesse et le psalmiste célèbrent tous deux la miséricorde et le pardon de Dieu. Dieu « accorde la conversion », parce qu'il est « Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, plein d’amour et de vérité ».

Les paraboles que nous lisons aujourd'hui signalent que nous sommes, individuellement et en tant qu'Église, une œuvre en cours. St Paul insiste pour que nous ne nous découragions pas. « L’Esprit Saint, écrit-il, vient au secours de notre faiblesse... Et Dieu, qui scrute les cœurs, connaît les intentions de l’Esprit puisque c’est selon Dieu que l’Esprit intercède pour les fidèles ». En d'autres mots, il connaît ce dont on a besoin.

L'événement et le message de la Salette s'inscrivent parfaitement dans cette perspective. Le défi, dans notre faiblesse, c’est de permettre à l'Esprit de briller au plus profond de nos cœurs et de faire tout son possible pour que la bonne semence qui vient de Dieu puisse s’enraciner et croître, comme la graine de moutarde, pour devenir grande et productive.

La conversion, le culte du seul vrai Dieu, la confiance persévérante en lui : voilà les moyens que la Salette nous apprend pour revenir à l'essentiel.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Abondance

(15e dimanche ordinaire : Isaïe 55, 10-11 ; Romains 8, 18-23 ; Matthieu 13, 1-23)

Le père Paul Belhumeur, M.S., est passionné par la nature et la création. Il est aussi un avide jardinier, et comprend l'importance d'un bon terrain. Il a même sa propre recette pour un terrain entièrement naturel.

Je lui ai donc demandé de nous faire part de ses pensées au sujet des lectures d'aujourd'hui.

Dans la première lecture, il a noté l'image de Dieu qui nous vient de la nature et qui compare la parole « qui sort de ma bouche » à la pluie qui féconde la terre et la fait germer.

Dans le Psaume, Dieu a enrichi la terre, qui produit une abondance inimaginable : « Tu couronnes une année de bienfaits, sur ton passage, ruisselle l’abondance. Au désert, les pâturages ruissellent, les collines débordent d’allégresse ». Dans l'Évangile, la semence est fertile, mais nécessite une bonne terre.

Faisant le lien avec la Salette, le père Paul voit l'image de Dieu gâtée par le péché, même dans la nature ; il n'y a pas d'abondance. Mais l'image de Jésus brille sur la poitrine de Marie, offrant l'espoir.

Le texte complet de l'Évangile d'aujourd'hui comprend une citation d'Isaïe : « Le cœur de ce peuple s’est alourdi : ils sont devenus durs d’oreille, ils se sont bouché les yeux, de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n’entendent, que leur cœur ne comprenne, qu’ils ne se convertissent, – et moi, je les guérirai ».

Le message de La Salette présente une solution à cette dureté de cœur. Pour recourir à l'image du jardin, l’on pourrait dire que la Vierge rappelle à son peuple les outils à portée pour prendre soin du jardin de l'âme. 

Nous avons les sacrements. Le Baptême arrose le terrain, l'Eucharistie fournit des engrais pour l'enrichir, la Réconciliation enlève les pierres, les épines et autres obstacles. 

La Sainte Mère l'Église fournit d’autres outils encore : L'Adoration, le Rosaire, une grande variété de dévotions. Parmi celles-ci, n'oublions pas nos neuvaines et nos prières salettines (au moins un Pater et un Ave Maria).

Rien de tout cela ne garantit une récolte abondante, ni littéralement ni spirituellement. Cela est du domaine de Dieu. Mais avec sa grâce, nous pouvons préparer le terrain, de façon que la semence (la Parole) prenne racine dans nos âmes, les rendant fertiles et fructueuses, lorsque nous faisons passer le message de Marie.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Louange sincère

(14e dimanche ordinaire : Zacharie 9, 9-10 ; Romains 8, 9-13 ; Matthieu 11, 25-30)

Matthieu, Marc et Luc rapportent—deux fois chacun—que Jésus exige de ses disciples que nous devons prendre notre croix pour le suivre. Nous avons entendu l'un de ces discours dans l'Évangile de la semaine dernière.

Seul Matthieu rapporte l'invitation que nous recevons aujourd'hui : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos... Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger ».

Nous préférons ce passage, naturellement, ne serait-ce que parce qu'il nous fait penser aux paroles de Marie à Mélanie et Maximin. Mais les deux textes ne se contredisent pas. Si nous suivons le Seigneur de tout notre cœur, nulle croix ne semblera trop lourde ou trop amère, même s’il s’agit de notre nature déchue et désordonnée.

Le début de l'Évangile d'aujourd'hui nous donne le contexte de l'invitation citée plus haut. Jésus dit : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits ».

Le Père, par l’entremise de Jésus, invite les humbles à rentrer en communion avec lui.

Remarquez comment Jésus débute : « Je proclame ta louange ». Il y beaucoup de louanges aujourd'hui, surtout dans la première lecture et le psaume : exulter, pousser des cris de joie, exalter, bénir, louer le nom de Dieu—ainsi que des raisons : Vient le Roi de la paix ; « La bonté du Seigneur est pour tous, sa tendresse, pour toutes ses œuvres ».

La Belle Dame de la Salette, en priant sans cesse pour son peuple, demande à son Fils de nous montrer de la compassion et, en venant à nous, elle nous demande de lui remettre notre vie, avec tous nos fardeaux, et de l’honorer.

Saint Paul nous rappelle que nous sommes « sous l’emprise de l’Esprit ». C'est pourquoi nous pouvons vivre dans l'espoir sûr et solide d'être entendus par le Seigneur. C'est aussi l'Esprit qui nous pousse, nous que Jésus nomme « les tout-petits », à rendre une louange vraiment acceptable pour Dieu, alors que nous reconnaissons les bienfaits, grands et petits, qu'il nous prodige.

La louange dépasse les simples paroles. L'émerveillement et la gratitude qui l'inspirent nous conduiront à rechercher la volonté de Dieu à notre égard, et à la poursuivre de tout notre cœur, de toute notre âme et de tout notre esprit.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Fils de lumière

(13e dimanche ordinaire : 2 Rois 4, 8-16 ; Romains 6, 3-11 ; Matthieu 10, 37-42)

Jésus pensait-il à l'histoire d'Elisée et de la femme de Sunam lorsqu'il a dit : « Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète recevra une récompense de prophète » ?

Il fait lui-même plusieurs promesses dans l'Évangile d'aujourd'hui, et il renforce la dernière par ces mots : « Amen, je vous le dis ». Dans le Nouveau Testament, cette expression apparaît presque quatre-vingts fois, toujours sur les lèvres de Jésus.

Le psalmiste aussi fait une promesse : « Ta fidélité, je l’annonce d’âge en âge ». Pouvons-nous en affirmer autant ?

Une Belle Dame est venue à un endroit appelé la Salette parce que, en effet, la fidélité de Dieu n'était pas proclamée par son peuple. Au contraire, elle était largement oubliée. La Vierge la proclama par ses paroles, y inclus des avertissements et des promesses, et plus efficacement par le crucifix qu'elle portait.

Vous avez souvent entendu dire que le crucifix lumineux semblait être la source de la lumière au milieu de laquelle Marie est apparue et qui entourait les enfants qui se tenaient près d'elle. C'est comme si elle venait « annoncer les merveilles de Celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière » (Acclamation de l'Évangile).

Le célèbre spécialiste de la Salette, le P. Jean Stern, m.s., écrit : « Tout ce que cette Dame est, y compris sa compassion, sa bonté et sa puissance, lui vient d’ailleurs, de son Fils, de ce crucifié qui est vraiment son Fils, mais qui est d’abord Dieu né du vrai Dieu ».

Jésus est la source de lumière. Marie nous attire vers lui. Comme st Paul, elle ne veut pas que nous ignorions la parenté que nous avons avec le Christ Jésus à la suite de notre baptême.

Marchant « à la lumière de sa face », nous recevons l’intelligence qui nous permet d’interpréter notre époque, et le don de compréhension et de sagesse, afin d’agir correctement, ce qui pourrait nous être ‘accordé’ comme justice (voir Romains 4, 22).

Ou, pour reprendre les mots de la première oraison d'aujourd'hui : « Tu as voulu, Seigneur, qu'en recevant ta grâce nous devenions des fils de lumière ; ne permets pas que l'erreur nous plonge dans la nuit, mais accorde-nous d'être toujours rayonnants de ta vérité ».

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Jamais plus ennemis

(12e dimanche ordinaire : Jérémie 20, 10-13 ; Romains 5, 12-15 ; Matthieu 10, 26-33)

Avez-vous des ennemis ? Nous connaissons tous des personnes qui ne nous aiment pas, qui gardent peut-être un ressentiment contre nous. Mais les ennemis cherchent à nous causer du mal et se réjouissent de nos faillites. Il serait facile de leur souhaiter le même sort, comme le fait Jérémie.

Il prie : « Seigneur de l’univers, toi qui scrutes l’homme juste, toi qui vois les reins et les cœurs, fais-moi voir la revanche que tu leur infligeras, car c'est à toi que j’ai remis ma cause ». Sa prière vise sa justification, mais aussi le châtiment de ses ennemis.

Le psaume responsorial d'aujourd'hui se compose de huit versets choisis dans le Psaume 68. Si vous lisez les trente-sept versets, vous y trouverez une série de malédictions. En voici une seule : « Que leurs yeux aveuglés ne voient plus, qu'à tout instant les reins leur manquent ! »

En tant qu'humains, nous pouvons comprendre une telle réaction de la part des victimes de l'injustice. En tant que chrétiens, cependant, nous ne devons pas oublier le commandement de Jésus : « Aimez vos ennemis ». Dans l’Evangile d’aujourd’hui, s’adoucissant au sujet des persécutions à venir, il nous encourage gentiment : « Vous valez bien plus qu’une multitude de moineaux ». Confiance, non la vengeance.

En tant que membres de la famille mondiale salettine, nous essayons de vivre selon ces principes, spécialement en ce qui concerne la réconciliation. Combattre les maux contemporains signifie chercher des façons de mettre fin à l’hostilité partout où elle existe.

Cependant, la fin des hostilités ne suffit pas. La réconciliation cherche la guérison. Notre prière devrait être pour que « les ennemis enfin se parlent, les adversaires se tendent la main, des peuples qui s’opposaient acceptent de faire ensemble une partie du chemin » (Deuxième prière eucharistique pour la réconciliation).

Le texte de Saint-Paul d’aujourd’hui le dit avec force : « Mais il n'en va pas du don gratuit comme de la faute. En effet, si la mort a frappé la multitude par la faute d’un seul, combien plus la grâce de Dieu s’est-elle répandue en abondance sur la multitude, cette grâce qui est donnée en un seul homme, Jésus Christ ».

Il se réfère à ce qu'il appelle, plus haut dans ce chapitre, « la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ ».

Cela fut le but de l'Apparition de Marie à la Salette. La transformation apportée par la réconciliation dépasse infiniment l'offense qui a nécessité la réconciliation.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Manne dans le désert

(Le Saint Sacrement :  Deutéronome 2, 8-16 ; 1 Corinthiens 10, 16-17 ; Jean 6, 51-58)

Moïse dit aux hébreux que Dieu les a délibérément affligés pour les mettre à l'épreuve. Pour nos contemporains, cela provoque plus de choc que lorsque Jésus dit à ses disciples, dans l'Évangile, qu’ils doivent manger sa chair et boire son sang.

Chaque époque a son temps d’épreuve : persécution, maladie, effondrement économique, famine, etc. Que penser de tout cela ?

Relisons plus attentivement les paroles de Moïse. Dieu avait un double objectif : « pour savoir ce que tu as dans le cœur : allais-tu garder ses commandements, oui ou non ? » et « pour que tu saches que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui vient de la bouche du Seigneur ».

À La Salette, la Sainte Vierge était bien au courant de l’affliction de son peuple. Elle est venue les supplier d'honorer les commandements de Dieu. Tout en reconnaissant leur faim, elle regrettait qu’ils ne cherchent pas le Pain de la Vie. « L'été, il ne va que quelques femmes un peu âgées à la messe.  Les autres travaillent le dimanche, tout l'été. L'hiver, quand ils ne savent que faire, ils ne vont à la messe que pour se moquer de la religion ».

Retournons à Moïse et écoutons ses paroles dans un contexte plus ample. Avant de mentionner les afflictions, il dit : « Souviens-toi de la longue marche que tu as faite pendant quarante années dans le désert ; le Seigneur ton Dieu te l’a imposée ».

Ainsi, avec les afflictions de la faim, de la soif et des serpents, Dieu a fourni la manne, l'eau du rocher et le serpent de bronze.

Saint Paul nous rappelle : « La coupe de bénédiction que nous bénissons, n’est-elle pas communion au sang du Christ ? Le pain que nous rompons, n’est-il pas communion au corps du Christ ? » Il a écrit cela durant un temps d'épreuves : il existait plusieurs divisions dans la communauté chrétienne de Corinthe, et il voulait faire comprendre que le partage de la coupe et du pain nous unit.

La messe n'est pas tout simplement une obligation. C'est un don précieux. Lorsque nous oublions cela, nous oublions précisément ce que Jésus avait en vue quand il a dit, « Vous ferez cela, en mémoire de moi. » Il nous invite à sa table, afin que nous puissions recevoir la vie de ce Pain Vivant, et le soutient dans les temps d’épreuve.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Ne nous abandonne pas, Seigneur

(La Sainte Trinité : Exode 34, 4-6 et 8-9 ; 2 Corinthiens 13, 11-13 ; Jean 3, 16-18)

« Si je veux que mon Fils ne vous abandonne pas, je suis chargée de le prier sans cesse ». Les paroles de la Belle Dame reflètent la situation de Moïse dans la première lecture, tirée du Livre de l’Exode.

Ce n’est pas la première fois qu’il prie le Seigneur de ne pas abandonner son peuple. Le Psaume 105 résume la situation : « Dieu a décidé de les détruire. C'est alors que Moïse, son élu, surgit sur la brèche, devant lui, pour empêcher que sa fureur les extermine ».

Il ne nous surprend pas de constater que Dieu continue, jusqu’à ce moment, de pardonner à son peuple (avec ou sans punition). Il a choisi Abraham et sa descendance, et il tient à accomplir ses promesses. Jean le dit de façon magnifique : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle ».

L’amour et l’intimité vont de pair. Les amis partagent leurs secrets, et chacun d’eux entrent progressivement dans le mystère de l’autre. Il en fut ainsi pour Dieu et Moïse. En Exode 3, Dieu révèle à Moïse son Nom mystérieux—le Nom que l’on ne doit jamais prendre en vain.

Pour les chrétiens, le nom de Dieu dans la Sainte Trinité est Père, Fils et Saint-Esprit. On ne peut pas comprendre correctement ce mystère, mais cela n’empêche pas d’y entrer. St Paul écrit : « Que la grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous ».

Moïse implore une bénédiction semblable : « S’il est vrai, mon Seigneur, que j’ai trouvé grâce à tes yeux, daigne marcher au milieu de nous ». Cette scène confirme ce qui est écrit dans le chapitre précédent (Exode 33, 11) : « Le Seigneur parlait avec Moïse face à face, comme on parle d’homme à homme ».

J’ai vu, dans une petite chapelle privée, un vitrail qui dépeint une image unique de Notre Dame de la Salette. Elle est à genoux devant son Fils, qui est assis, tenant dans sa main gauche un sceptre en forme de croix, et élevant la main droite en bénédiction. Elle a le visage triste ; le regard de Jésus est paisible et tendre.

Dans cette rencontre solennelle et simple, on peut imaginer sa prière, presque dans les paroles de Moïse : « Oui, c’est un peuple à la nuque raide ; mais tu pardonneras leurs fautes et leurs péchés, et tu feras d’eux ton héritage ».

Sainte Trinité, Dieu unique et véritable, sois toujours avec nous !

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Le don des larmes

(Pentecôte : Actes 2, 1-11 ; 1 Corinthiens 12, 3-7 et 12-13 ; Jean 20, 19-23)

St Paul écrit : « Les dons de la grâce sont variés, mais c’est le même Esprit ». Dans les versets omis (8-11) de la deuxième lecture, il donne des exemples et, plus loin dans le même chapitre, il met en garde les chrétiens individuels contre l’idée que leurs propres dons sont meilleurs que ceux des autres.

Cependant, si nous considérons les grands maîtres spirituels à travers les âges, il y a un don qui manque dans la liste de Paul : le don des larmes.

Dans la Bible, les larmes et les pleurs se présentent le plus souvent comme une effusion de chagrin, de remords ou de supplication. Mais l’expérience générale nous enseigne que les larmes peuvent démontrer aussi bien une grande variété d’autres émotions, y inclus la joie, la gratitude, l’émerveillement. Dans tous ces cas il y a un point commun : l’intensité des sensations.

Il faut garder cela à l’esprit quand on pense à Celle qui pleure—à son chagrin en se plaignant de l’ingratitude de son peuple et en le confrontant à ses péchés, surtout quand elle dit, « Vous aurez beau prier, beau faire, jamais vous ne pourrez récompenser la peine que j’ai prise pour vous autres ».

Ses larmes révèlent aussi la tendresse infinie d’une Mère, alors qu’elle parle de la mort des enfants, de la famine imminente, d’un fossé grandissant entre son peuple et son Fils.

Ici, permettez-moi de mentionner quelques exceptions notables de ce que j’ai écrit plus haut à propos des larmes dans la Bible. Lorsque Jacob et Esaü se rencontrent après des années d’aliénation, on nous dit : « Ésaü [la partie lésée] courut à sa rencontre, l’étreignit, se jeta à son cou, l’embrassa, et tous deux pleurèrent » (Genèse 33, 4). Nous trouvons le même langage à propos de la réunification de Joseph avec ses frères (Genèse 45, 14-15), et avec son père (Genèse 46, 29).

Dans la lecture de st Paul, le mot grec pour ‘don’ est charisma. Nous disons souvent que le ‘charisme’ de la Salette, c’est la réconciliation. L’Evangile d’aujourd’hui offre ce don même, selon la parole de Jésus à ses Apôtres : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ».

Si les larmes de la Vierge peuvent nous conduire à redécouvrir l’immense amour de Jésus pour nous et son désir de nous réconcilier avec lui, et si nous pouvons y répondre de même, alors, quel don sont ces larmes !

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

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