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Que voyez-vous ?

(3e dimanche de l’Avent : Isaïe 35, 1-10 ; Jacques 5, 7-10 ; Matthieu 11, 2-11)

La notion de vue domine les textes d’aujourd’hui. Isaïe : « Alors se dessilleront les yeux des aveugles » ; le Psaume : « Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles » ; Jacques : « Voyez le cultivateur… » ; Matthieu : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : les aveugles retrouvent la vue... » ; et, « Qu’êtes-vous allés regarder au désert ? »

La signification du verbe, voir, va de la simple perception visuelle, à l’observation attentive, à la compréhension intellectuelle. N’est-ce pas ainsi que fonctionne la science, lorsqu’elle cherche à révéler les mystères de l’univers ?

Cependant il y a des mystères que la science ne peut atteindre. Elle n’a pas ce qu’il faut pour explorer le monde de l’amour, de la foi, ou du sens de la vie. Là il nous faut une révélation d’ordre différent : la Parole de Dieu.

C’est pourquoi nous trouvons tant de citations et de paraphrases de l’Ancien Testament dans le Nouveau Testament. La réponse de Jésus aux disciples de Jean, par exemple, évoque différents textes d’Isaïe. Jacques se réfère plus largement aux prophètes. On nous rappelle souvent que Jésus n’est pas venu abolir la Loi ou les Prophètes, mais les accomplir (v. Matthieu 5, 17).

Il y a aussi ce que nous connaissons comme révélation privée. L’apparition de Notre Dame de la Salette, approuvée formellement en 1851 par l’évêque de Grenoble, se trouve dans cette catégorie. Personne n’est obligé d’y croire ; mais pour nous qui croyons, elle illumine notre rapport avec le Seigneur, ouvre nos cœurs à contempler son amour, et nous aide à comprendre en même temps la signification de la vie chrétienne et ses implications concrètes.

Ces réflexions de chaque semaine pourraient, peut-être, servir d’exemple. Au moyen d’elles, nous regardons les lectures dominicales du point de vue du message et de l’évènement et, surtout, de la Vierge elle-même.

Chacun de nous peur faire de même. D’abord, placez-vous dans sa compagnie, renouvelez votre affection pour elle, et souvenez-vous de son affection pour vous. Rappelez-vous les éléments de l’apparition qui vous touchent de plus près.

Ensuite, lisez les lectures. Observez les rapports entre elles et la Salette. Enfin demandez-vous : quand je regarde à travers les yeux de la Belle Dame, qu’est-ce que je vois ?

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Publié dans MISSION (FR)

Le tableau complet

(2e dimanche de l’Avent : Isaïe 11, 1-10 ; Romains 15, 4-9 ; Matthieu 3, 1-12)

Le langage paisible des deux premières lectures et du psaume présente un contraste évident vis-à-vis les paroles de Jean le Baptiste dans l’évangile.

Mais aucun texte n’existe isolément du reste de la Bible. Isaïe et Paul ont ailleurs de dures paroles ; il y a aussi d’autres versets du psaume d’aujourd’hui qui contiennent des images relativement violentes ; tandis que l’évangile, nous le savons bien, contient davantage d’espoir que Matthieu laisse entrevoir de la prédication de Jean.

Nous choisissons naturellement les passages de la Bible qui nous confortent. Ce n’est pas un mal.

Il en est de même pour la Salette. Je suis étonné parfois quand des personnes dévouées à la Belle Dame ne peuvent citer que le début du message, « Avancez, mes enfants, n’ayez pas peur, » et la fin, « Vous le ferez passer à tout mon peuple. » La soumission, la famine, la mort des enfants—oui, on sait qu’elles y sont, mais on n’a pas tendance à s’y attarder.

Dans l’idéal, l’encouragement devrait suffire pour nous garder sur la bonne piste. Mais, tout parent, tout éducateur sait bien que l’éducation inclut la correction des défauts et l’avertissement des dangers. Ainsi, Jean-Baptiste fut honnête ; il fut emprisonné et mis à mort parce qu’il prêchait des vérités importunes.

Nous reconnaissons qu’il est bon pour nous d’être mis à l’épreuve, de temps en temps. Nous pouvons même nous fixer des buts difficiles, au profit de nos aptitudes ou de notre santé, et nous surveillons notre progrès. Il peut s’agir d’une toute autre affaire quand le défi vient des autres.

Les pharisiens et les sadducéens tenaient la Loi pour leur guide, et faisaient tout leur possible pour y rester fidèles. Peut-être sont-ils venus pour le baptême de Jean comme signe de leur repentir pour leurs faillites d’observance. Imaginez leur choc et déplaisir en entendant, « Engeance de vipères ! Produisez donc un fruit digne de la conversion. »

Jean ne les haïssait pas. Il parla comme il le fit pour être certain qu’ils comprendraient son message.

Le message de Notre Dame est tout amour mais, pour atteindre tout son peuple, il lui fut nécessaire de brosser un tableau complet, faisant appel en même temps à la repentance et à l’espoir.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Publié dans MISSION (FR)

Point de basculement

(1er dimanche de l’Avent : Isaïe 2, 1-5 ; Romains 13, 11-14 ; Matthieu 23, 37-44)

« Je pris le livre, l’ouvris, et lus en silence le premier chapitre où se jetèrent mes yeux : Sans orgies ni beuveries, sans luxure ni débauches, sans rivalité ni jalousie, mais revêtez-vous du Seigneur Jésus Christ, et ne cherchez pas à flatter votre chair dans ses désirs. »

Augustin avait entendu une voix qui ressemblait à celle d’un enfant, qui chantait, « Prends ! Lis ! » Ce n’était pas un jeu d’enfant, et il a compris que les paroles s’adressaient à lui. Il recueillit le livre qui se trouvait sur une table voisine, et qui contenait les lettres de st Paul.

En ce moment de sa vie, Augustin était au point de basculement de sa conversion. Ouvrant le livre au hasard, il lut dans la Lettre aux romains les paroles citées plus haut—qui se trouvent dans la deuxième lecture d’aujourd’hui—et sa transformation fut achevée !

Ces paroles font partie d’une exhortation qui commence ainsi : « Rejetons les œuvres des ténèbres, revêtons-nous des armes de la lumière. »

L’appel de Jésus à éveiller est pareillement un rappel de ne pas demeurer dans les ténèbres. Le chrétien doit rester vigilant, toujours prêt et empressé à marcher à la lumière du Seigneur, comme le dit Isaïe.

La saison de l’Avent commence aujourd’hui. Elle nous prépare à célébrer la venue du Christ, Lumière du monde.

Mais même dans les cœurs fidèles des chrétiens il peut se trouver des ombres, des endroits de ténèbres, qui nous empêchent d’entrer pleinement dans la lumière. Notre Dame de la Salette est apparue entourée de lumière éblouissante. Mélanie et Maximin en étaient terrifiés, mais elle les appela, et les enveloppa dans sa brillance. Ses paroles, aussi, furent une invitation à son peuple à rejeter les ténèbres qui les voilaient.

Tel qu’Augustin, nous savons peut-être ce que nous devons faire pour suivre le Christ plus parfaitement, mais nous hésitons, au point de basculement. Nous pourrions profiter, dans ce cas, de fermer les yeux et nous imaginer avec les deux enfants, si proches à la Belle Dame que, au dire de Maximin, « personne n’aurait pu passer entre elle et nous. » 

Comme toujours elle nous attirera près de son Fils. Dans sa compagnie, nous pourrons approprier les paroles du refrain du Psaume d’aujourd’hui : « Dans la joie, nous irons à la maison du Seigneur. »

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Publié dans MISSION (FR)

Bons larrons

(Christ Roi : 2 Samuel 5, 1-3 ; Colossiens 1, 12-20 ; Luc 23, 35-43)

La crucifixion fut conçue pour infliger la peine capitale avec un maximum de peine de d’humiliation. Jésus, faussement condamné comme criminel, avait été flagellé brutalement, et était maintenant exposé, nu et impuissant, aux yeux de tous les passants. Les insultes de ses ennemis complétaient la scène.

Deux véritables criminels, crucifiés avec lui, étaient dans la même situation. L’un d’eux s’engagea dans la moquerie. Mais la compassion de l’autre pour Jésus le poussa à la foi, à laquelle le Seigneur répondit : « Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »

En 1957 un criminel du nom de Jacques Fesch, âgé de 27 ans, écrivit : « Dans cinq heures, je verrai Jésus ! Qu’il est bon Notre Seigneur. » Il connaissait l’heure précise parce qu’il était condamné à mourir guillotiné, pour un meurtre commis durant un vol en 1954.

La dévotion à la sainte Vierge fut essentielle à son retour à la foi qu’il avait abandonnée durant son adolescence. Son avocat, chrétien fervent, l’aida à retrouver son chemin vers Dieu, en sorte que, avant sa mort, el était devenu un ‘bon larron’. En 1993 il fut reconnu officiellement Serviteur de Dieu (première étape qui conduit à la béatification et à la canonisation).

Sans doute plusieurs autres histoires de conversion de malfaiteurs pourraient nous inspirer à croire au pouvoir de la grâce. 

Le lien le plus évident entre les lectures d’aujourd’hui et la Salette se voit à la fin du texte tiré de la lettre aux Colossiens, où Paul parle de réconciliation et de paix. Quand Marie a dit aux enfants, « Je suis ici pour vous conter une grande nouvelle, » c’est assurément ce qu’elle avait en vue.

Le crucifix exceptionnellement grand qu’elle portait, de sept à huit pouces de long, n’était pas un ornement, mais un rappel de son Fils, qui a vécu, est mort, et a vécu, pour nous sauver.

Plus dans Colossiens nous lisons : « Nous arrachant au pouvoir des ténèbres, Dieu nous a placés dans le Royaume de son Fils bien-aimé : en lui nous avons la rédemption, le pardon des péchés. » Quel meilleur exemple de délivrance, de rédemption et de pardon pouvons-nous rencontrer que dans les récits de deux ‘bons larrons,’ morts en fixant leur regard et leurs espoirs sur Jésus ?

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Publié dans MISSION (FR)
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