J’ai soif

(3e dimanche de Carême : Exode 17, 2-7 ; Romains 5, 1-8 ; Jean 4, 5-42)

Les lectionnaires français et espagnol fournissent des informations qui ne sont pas évidentes dans la traduction anglaise de la première lecture, c.-à-d. : Mériba vient du verbe signifiant ‘chercher querelle’, et Massa, ‘mettre à l’épreuve’. Les deux se réfèrent au caractère antagoniste de l’épisode où les hébreux ont osé récriminer contre Dieu.

Dans Michée 6, 1-2, le prophète appelle son peuple : « Lève-toi ! Engage un procès avec les montagnes, et que les collines entendent ta voix. Montagnes, écoutez le procès du Seigneur... Car le Seigneur est en procès avec son peuple ». Encore nous trouvons la racine de Mériba, cette fois comme ‘procès’.

Le message de Notre Dame de la Salette s’inscrit dans ce contexte. Elle réprimande son peuple pour ses péchés, surtout l’indifférence. Le psaume d’aujourd’hui qui, lui aussi, se réfère à Mériba et Massa, a le refrain, « Aujourd’hui, ne fermez pas votre cœur, mais écoutez la voix du Seigneur ! »

Quand Jésus demande à boire à la femme, elle adopte une attitude contentieuse. « Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » Jésus ne s’en offense pas, mais initie un dialogue avec elle, avec les paroles : « Si tu savais le don de Dieu ».

Plus tard dans l’Evangile de Jean, Jésus déclarera du haut de Golgotha, « Jai soif ». Ici, au chapitre 4, sa soif vient de la fatigue de la route. Mais nous y percevons un peu la soif présente dans toute sa vie et tout son ministère, le désir intense qu’il exprime dans Jean 12, 32 : « Moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes ». En satisfaisant notre soif, Jésus étanche la sienne.

Sur la croix, il sortit du sang et de l’eau du côté percé de Jésus. Le célèbre commentateur biblique Matthew Henry expliqua ceci de la façon suivante : « Ces mots signifient les deux grands bienfaits que chaque croyant reçoit moyennant le Christ—la justification et la sanctification ; le sang pour la rémission, l’eau pour la régénération ; le sang pour l’expiation, l’eau pour la purification ».

La théologie catholique applique cela également aux sacrements.

A la Salette, il y a une source miraculeuse. Elle existait depuis longtemps, mais se desséchait toujours durant l’été. Mais depuis l’apparition cette source n’a jamais cessé de couler, un rappel des larmes de la Belle Dame, et de sa soif la plus profonde—la nôtre, aussi, si seulement nous nous en rendions compte.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

La vocation

(2e dimanche de Carême : Genèse 12, 1-4 ; 2 Timothée 1, 8-10 ; Matthieu 17, 1-9)

Il y a une légère contradiction entre le Psaume et notre deuxième lecture. Dans le premier nous lisons, « Dieu veille sur ceux qui le craignent, qui mettent leur espoir en son amour, pour les délivrer de la mort, les garder en vie aux jours de famine ». L’espoir et une crainte révérencielle semblent être une condition de délivrance.

Mais ensuite st Paul nous dit, « Dieu nous a sauvés, il nous a appelés à une vocation sainte, non pas à cause de nos propres actes, mais à cause de son projet à lui et de sa grâce ». Ici le salut est sans conditions.

Nous constatons cela aussi bien dans la première lecture. Abram est appelé et reçoit les excellentes promesses de Dieu, sans avoir rempli aucune condition préalable. Et dans l’Evangile, aucune raison n’est donnée pour laquelle Jésus a choisi Pierre, Jacques et Jean comme témoins de sa transfiguration.

Le Seigneur appelle qui il veut, quand il veut, et comme il veut. Cela est vrai pour nous aussi. En tant que Salettins Laïques, Sœurs et Missionnaires, nous jouissons du don gratuit de l’amour de la Vierge.

Comme dans le cas d’Abram, la réponse à l’appel implique un changement, pas nécessairement géographique, évidemment, mais la conversion d’un cœur ouvert à d’autres dons : la crainte du Seigneur, la générosité dans le service de Dieu, la bonne disposition à prendre notre part « des souffrances liées à l’annonce de l’Évangile ».

Vivre la foi, professer le message de l’Evangile en catholiques, n’a jamais été facile, mais semble plus difficile dans l’ère moderne. Cela requiert la prière. La prière, à son tour, nécessite un silence, au moins suffisant pour pouvoir entendre les paroles, « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, … écoutez-le ! » prononcées d’une nuée lumineuse, et dont on entend l’écho dans le message d’une Belle Dame portant son image sur sa poitrine.

Et comment lire le Psaume d’aujourd’hui sans penser à elle ? A travers ses larmes, elle voyait les souffrances de tant de monde ; elle est venue « les délivrer de la mort, les garder en vie aux jours de famine », même s’ils étaient loin de craindre le Seigneur ou de mettre leur espoir en son amour.

Comment partageons-nous cette délivrance ? Il n’y a pas de réponse unique. Mais quand nous désirons profondément vivre notre vocation, une réponse se présentera en temps voulu, accompagnée probablement par les mots, « Soyez sans crainte ! »

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Prenez garde au Tentateur

(1er dimanche de Carême : Genèse 2, 7-9 et 3, 1-7 ; Romains 5, 12-19 ; Matthieu 4, 1-11)

Lorsque le célébrant se lave les mains à la fin de l'offertoire, il dit : « Lave-moi de mes fautes, Seigneur, purifie-moi de mon péché ». A la veille d’entrer au moment le plus sacré de la messe, il prend compte de son indignité à le faire, soit personnellement, soit en tant qu’être humain.

On trouve la même pensée dans le Psaume d’aujourd’hui, mais contrebalancée, si vous voulez, par le dernier verset : « Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche annoncera ta louange ». Vu la grâce de Dieu, notre culpabilité n’est pas un obstacle insurmontable à un culte sincère.

St Paul nous rappelle que « tous ont péché », quand « par un seul homme, le péché est entré dans le monde » ; mais cela n’était pas la fin de l’histoire. La justification est venue par le Christ. L’Auteur de la vie, qui « modela l’homme avec la poussière tirée du sol et insuffla dans ses narines le souffle de vie », envoya son fils pour restaurer la vie.

Mais, avant d’entrer pleinement dans sa mission, Jésus a été tenté. Nous pouvons facilement nous identifier à cette expérience.

Il a triomphé sur le Tentateur, mais il ne faut pas supposer qu’il n’a pas réellement subi la tentation. En vrai homme, Jésus connaissait sûrement l’attrait de la satisfaction facile de ses besoins, de la preuve que Dieu veillait sur lui, du pouvoir royal.

Quand nous avouons nos péchés, nous reconnaissons les tentations auxquelles nous avons succombé. Ou bien, comme à la Salette, quelqu’un d’autre peut nous montrer comment nous avons cédé au Tentateur.

La Belle Dame a mentionné certaines offenses : l’abus de Nom de son Fils ; le travail du dimanche ; le manquement au devoir dominical ; et, le Carême, la fréquentation des boucheries, « comme les chiens ». Quelle est la tentation fondamentale à tous ces péchés ?

La réponse peut se trouver dans Jérémie 2, 20 : « Depuis longtemps tu as brisé ton joug, rompu tes liens. Tu as dit : Je ne servirai pas ! » Les réponses de Jésus au Tentateur sont une déclaration de son désir d’obéir au Père seul. « C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, à lui seul tu rendras un culte. »

Voilà le modèle pour résister à toute tentation. Mais n’attendez pas jusqu’à ce que la tentation arrive. Résistez-y d’avance. Prenez toujours garde du Tentateur.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

La sainteté

(7e dimanche ordinaire : Lévitique 19, 1-2, 17-18 ; 1 Corinthiens 3, 16-23 ; Matthieu 5, 38-48)

« Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint. » Cette phrase se trouve quatre fois dans le livre du Lévitique.

Remarquez la raison donnée pour cette commande. Ce n’est pas la promesse de prospérité, à laquelle on s’entendrait, peut-être. Non, la raison est d’autant plus importante. Tout ce qui a rapport à Dieu est saint. Sa volonté est sacrée. Nous y obéissons par révérence. 

On trouve un passage semblable dans Lévitique 22, 32 : « Vous ne profanerez pas mon saint nom, afin que je sois sanctifié au milieu des fils d’Israël ; je suis le Seigneur qui vous sanctifie. » Notre sainteté vient de Dieu. St. Paul donne écho à cette idée quand il écrit, « Le sanctuaire de Dieu est saint, et ce sanctuaire, c’est vous. »

Le psalmiste s’écrie : « Bénis le Seigneur, ô mon âme, bénis son nom très saint, tout mon être ! » Marie à la Salette pleura la profanation dirigée contre le nom de son Fils. Ce n’était là que l’un des signes que son peuple avait abandonné son identité de temple de Dieu. Au lieu de prier, on blasphémait ; on se moquait de la religion.

L’appel à la sainteté est un défi de taille. Il doit pénétrer tous les aspects de notre vie. St. Paul dit cela de la façon suivante : « Si quelqu’un parmi vous pense être un sage à la manière d’ici-bas, qu’il devienne fou pour devenir sage. Car la sagesse de ce monde est folie devant Dieu. »

La Vierge a choisi Mélanie et Maximin pour témoins. Le message de la sagesse divine fut confié à des enfants sans éducation, de sorte que personne ne pourrait se tromper sur son sens.

La sagesse de ce monde est contraire au message de l’Evangile. Tendre l’autre joue, par exemple, est (et a toujours été) contre-culturel. C’est difficile même pour les chrétiens engagés. 

Heureusement, notre sainteté n’est pas une question de savoir qui a raison ou tort, de gagner ou de perdre. Il s’agit avant tout de partager la sainteté du Seigneur ou, comme le dit Jésus, d’être « parfaits comme votre Père céleste est parfait. »

Dans nos efforts à faire passer le message de la Belle Dame, nous pouvons nous avancer vers ce but et, ce faisant, peut-être transformer ainsi une petite partie de notre monde.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Marteau et tenailles

(6e dimanche ordinaire : Ben Sira 15, 15-20 ; 1 Corinthiens 2, 6-10 ; Matthieu 5, 17-37)

L’un des éléments les plus distinctifs de l’Apparition de Notre Dame de la Salette, comme vous le savez, c’est le marteau et les tenailles de chaque côté du crucifix.

Ceux qui les voient pour la première fois demandent toujours ce qu’ils signifient. Vous connaissez l’interprétation traditionnelle, mais je crois qu’il pourrait être plus utile de répondre avec une autre question. Supposons que Marie se soit présentée aux enfants sans prononcer une parole ; comment comprendre ses intentions ?

Les outils de menuisier en eux-mêmes n’auraient pas de signification spéciale. Mais puisqu’ils se trouvent ici associés au Crucifié, ils ont un lien avec la Passion de Jésus, où ils servaient à des usages opposés.

On ne se surprend pas qu’ils aient toujours été expliqués comme nous appelant à choisir entre la vie et la mort, comme nous lisons aujourd’hui dans Ben Sira, qui reprend la parole de Moïse dans Deutéronome 30, 15.

Toutes les lectures d’aujourd’hui portent sur le choix. Le psalmiste choisit la fidélité aux commandements divins ; Paul opte pour « la sagesse du mystère de Dieu, sagesse tenue cachée » ; et Jésus dit quatre fois, « Vous avez appris... Eh bien ! moi, je vous dis », demandant la fidélité à son enseignement.

Nous avons tendance à voir le choix comme une question morale, et c’est souvent le cas. C’est certainement le point de vue de Ben Sira. On peut facilement oublier que le Sermon de la Montagne est plus exigeant que les Commandements. C’est ce que Jésus veut dire par ses paroles, « Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux ».

Quand même, ce que dit Ben Sira est vrai : « Il n’a commandé à personne d’être impie, il n’a donné à personne la permission de pécher ». Alors, quand nous péchons, cela vient de notre choix. Il peut y avoir des circonstances atténuantes, bien sûr, surtout si nous ne jouissons pas d’une pleine liberté.

Cela entendu, avant toute décision concrète, il doit se trouver une résolution fondamentale, en tant que disciples du Christ, de nous efforcer de tout notre cœur de vivre selon sa parole.

C’est ce que la Belle Dame est venue nous dire. Elle présente un choix : le refus de se soumettre, avec ses conséquences, ou la conversion, avec ses bienfaits. Les deux s’opposent, comme le marteau et les tenailles.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Faiblesse et pouvoir

(5e dimanche ordinaire : Isaïe 58, 7-10 ; 1 Corinthiens 2, 1-5 ; Matthieu 5, 13-16)

Selon la culture, les gens préfèrent pleurer en prive, où les autres ne peuvent pas les voir. Cela vient, peut-être, de ce que les larmes se voient souvent comme un signe de faiblesse. De ce point de vue, la Vierge pourrait dire avec st Paul, « C’est dans la faiblesse, que je me suis présenté(e) à vous. »

En effet, beaucoup de ce que st Paul dit dans la deuxième lecture pourrait se dire de Marie à la Salette. Cela est particulièrement vrai du fait qu’elle porte un crucifix : « Parmi vous, je n’ai rien voulu connaître d’autre que Jésus Christ, ce Messie crucifié. »

Nous avons souvent noté que, selon Maximin et Mélanie, la lumière de l’Apparition émanait de ce crucifix. En Jean 8, 12, Jésus dit de lui-même, « Moi, je suis la lumière du monde. »

Dans l’Evangile de cette semaine, il nous rappelle que nous aussi somme la lumière du monde. Il nous désigne aussi comme le sel de la terre.

Il est difficile d’imaginer un sel sans goût. La Belle Dame parle littéralement du blé gâte, mais l’image pourrait s’appliquer, au sens figuré, à son peuple. Face à l’épreuve, quelle était leur foi ? Comme les épis de blé, elle tombait en poussière.

St Paul affirme aussi, « Je ne suis pas venu vous annoncer le mystère de Dieu avec le prestige du langage ou de la sagesse » ; et « Mon langage, ma proclamation de l’Évangile, n’avaient rien d’un langage de sagesse qui veut convaincre ; mais c’est l’Esprit et sa puissance qui se manifestaient. » A la Salette, la Vierge s’abaissa même à parler le patois, le dialecte local, typiquement associé à la classe rurale non-éduquée, en contraste avec le français qu’elle parlait au début. Et elle conversa de choses que son peuple comprendrait.

Venir en faiblesse n’égale pas être sans pouvoir. Cela signifie que le pouvoir qu’on pourrait démontrer n’est pas le nôtre, mais vient de Dieu. Les paroles simples de Marie avaient un pouvoir qu’elle communiqua aux enfants en leur donnant les moyens de faire passer son message.

Comment notre lumière pourrait briller, selon Isaïe, « si tu fais disparaître de chez toi le joug, le geste accusateur, la parole malfaisante, si tu donnes à celui qui a faim ce que toi, tu désires, et si tu combles les désirs du malheureux. »

Tout cela, et plus encore, avons-nous le pouvoir de faire, mais en nous souvenant toujours que la gloire appartient à Dieu.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Rachetés

(Présentation du Seigneur : Malachie 3, 1-4 ; Hébreux 2, 14-18 ; Luc 2, 22-40)

L’auteur de la Lettre aux hébreux écrit de Jésus : « Il lui fallait donc se rendre en tout semblable à ses frères ». Il y a un texte dans Galates 4, 4-5 qui va dans le même sens : Jésus est « né d’une femme et soumis à la loi de Moïse, afin de racheter ceux qui étaient soumis à la Loi ».

Le récit de la présentation de Jésus au temple se réfère deux fois à la Loi, au début et vers la fin. La loi que Joseph et Marie accomplissaient se trouve dans Exode 13 : « Consacre-moi tous les premiers-nés parmi les fils d’Israël, car les premiers-nés des hommes et les premiers-nés du bétail m’appartiennent ». Dans le cas d’animaux plus petits, le premier-né devait être abattu en sacrifice ; on pouvait racheter un âne par un mouton.

Le texte ajoute : « Mais chez les hommes, tout fils premier-né, tu le rachèteras. » Rappelez-vous que Moïse conduisait le peuple de Dieu à Canaan, ou le sacrifice d’enfants n’était pas inconnu. Ici Dieu interdit expressément cette pratique.

Il y a dans le récit de la présentation une subtile ironie. Jésus, le Rédempteur, qui est venu nous racheter, a dû d’abord être racheté lui-même—acheté et payé, pour ainsi dire— « afin de racheter ceux qui étaient soumis à la Loi », selon la citation ci-dessus.

Cela a des conséquences sur notre vie de foi. La Salette peut nous aider à les comprendre.

Il nous faut reconnaître le don de rédemption qui a été gagné pour nous. La Belle Dame indique des moyens d’atteindre ce but : la prière, l’Eucharistie, la pénitence, le respect du Nom du Seigneur et du Jour du Seigneur.

En plus, nous devons reconnaître notre propre besoin de rédemption. Marie emploie la parole ‘se soumettre’. Cela demandera la purification, un procédé parfois pénible. Dans la Lettre aux hébreux nous lisons que Jésus « a souffert jusqu’au bout l’épreuve de sa Passion ». Et le vieillard Siméon dit à Marie dans le temple, « ton âme sera traversée d’un glaive ». (« Depuis le temps que je souffre pour vous autres ! » a-t-elle dit à la Salette.)

Enfin, comme Marie, nous devons accueillir le Rédempteur dans notre vie. Nous pouvons approprier pour nous-mêmes les paroles du Psaume, exprimant le désir « qu’il entre, le roi de gloire ! »

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Problème de division

(3e dimanche ordinaire : Isaïe 8,23—9-3 ; 1 Corinthiens 1, 10-13 ; Matthieu 4, 12-23)

Face à la confusion et même la rivalité qui se voit dans la deuxième lecture, Paul va à l’essentiel : « Le Christ est-il donc divisé ? Est-ce Paul qui a été crucifié pour vous ? Est-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés ? »

Comme il se voit ici et dans plusieurs autres textes du Nouveau Testament, la division entre croyants était un souci actuel. Il se trouve que nous venons de conclure la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens (18-25 janvier). Le fait que cela advient chaque année signifie, malheureusement, que le problème reste courant.

Evidemment, la séparation est naturelle. Des personnes unies par des liens d’affection peuvent déménager à différentes villes ou pays ; les couples promettent de rester fidèles « jusqu’à ce que la mort nous sépare », et ainsi de suite. Pierre, André, Jacques et Jean ont laissé leurs familles pour suivre Jésus. La séparation fait partie de toute vie humaine.

La division est autre chose. Elle suppose une séparation de tout autre ordre, causée généralement par un conflit, dont les sources semblent infinies.

Notre Dame de La Salette s’adresse à une espèce de division en particulier, occasionnée par l’indifférence de ceux qu’elle nomme « mon peuple » envers celui qu’elle appelle « mon Fils ». En tant que salettins laïques et religieux, quand nous voyons la division, nous ressentons le désir de rapprocher les parties et, si nécessaire, les ramener à Dieu.

Il y a des divisions de caractère spécifiquement religieux. De même que la Belle Dame ne pouvait pas demeurer passive devant les souffrances dues à nos péchés, de même que st Paul ne pouvait pas être indifférent aux divisions entre les corinthiens, de même nous aussi devons réagir contre les divisions et la souffrance dans l’Eglise. Mais, en plus, il existe bien des situations dans notre monde et, probablement, plus près de nous, qui requièrent notre charisme de réconciliation.

Matthieu interprète le déplacement de Jésus à Capharnaüm comme l’accomplissement de la prophétie d’Isaïe : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. » En répondant à son appel, et au désir de Marie de faire passer son message, nous pouvons jouer notre rôle pour faire lever la lumière dans les ténèbres.

Comment ? Cela dépend de l’unicité de notre vocation personnelle, de notre personnalité et de nos dons. Soyez créatifs !

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Appelés, formés, envoyés

(2e dimanche ordinaire : Isaïe 49, 3-6 ; 1 Corinthiens 1, 1-3 ; Jean 1, 29-34)

St Paul se présente comme « appelé pour être apôtre du Christ Jésus », et rappelle aux Corinthiens qu’ils sont « appelés à être saints ». Dans la première lecture, nous lisons à propos de l’un qui déclare que le Seigneur « m’a façonné pour que je sois son serviteur » ; Jean-Baptiste parle de « celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau ».

Tous ceux-là se trouvent réfléchis dans le refrain du Psaume : « Me voici, Seigneur, je viens faire ta volonté ».

Le serviteur du Seigneur ajoute : « J’ai de la valeur aux yeux du Seigneur ». Il ne réclame d’autre mérite que celui que le Seigneur a fait pour lui et a promis de faire par son moyen : « Je fais de toi la lumière des nations ».

Quand Dieu fait le choix d’individus pour son service, ce n’est pas nécessairement parce qu’ils sont munis de talents spécifiques. Au contraire, il les contemple, fait son choix, et leur accorde ses dons. Jean-Baptiste, par exemple, a reçu le pouvoir de reconnaître Jésus comme l’Agneau de Dieu et le Fils de Dieu.

Nous avons souvent observé que les enfants choisis par Notre Dame de la Salette n’avaient aucun talent spécial pour la mission qu’elle leur à confiée. Elle a fourni ce qui leur manquait, et ils ont été remarquables pour résister aux offres d’argent et aux menaces, dans leurs réponses aux objections et aux questions pièges. Ainsi les a-t-elle appelés, formés et envoyés.

On peut dire autant pour nous-mêmes. Quelque soit notre vocation, de quelque façon qu’elle nous a attirés, c’était l’appel de Dieu. Ainsi, un des principes les plus importants de la vie spirituelle est celle-ci : allez où vous vous sentez attirés. Le discernement, après tout, consiste précisément à découvrir, moyennant la prière, la réponse à la question posée par Saul sur la route de Damas : « Que dois-je faire, Seigneur ? » (Actes 22, 10)

La vocation salettine est souvent, pour ainsi dire, superposée sur une autre vocation. Dans les diverses circonstances de notre vie de laïques, de religieux ou de clercs, l’on se trouve attiré à la Belle Dame. Elle qui se déclara la servante du Seigneur, nous invite à servir le Seigneur avec elle.

Comme Maximin et Mélanie, nous ne somme peut-être pas les candidats que nous-mêmes aurions choisis, mais nous pouvons être confiants que la Vierge nous guidera et nous inspirera. 

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

La voix du Seigneur

(Baptême du Seigneur : Isaïe 42, 1-7 ; Actes 10, 34-38 ; Matthieu 3, 13-17)

Les chanteurs et les orateurs de renommé savent moduler leur voix. De cette façon ils peuvent communiquer les subtilités et les profondeurs, la variété infinie d’émotions des paroles qu’ils prononcent ou chantent. Dieu le sait.

Cela explique le grand nombre de livres dans la Bible. Variés et ‘modulés’, tous parlent avec la voix de Dieu qui, dans les lectures d’aujourd’hui, s’entend des cieux, d’un prophète et d’un apôtre. Le psalmiste l’entend dans le tonnerre, peut-être, et la décrit comme puissante et majestueuse.

Nous ne pouvons entendre la voix de Dieu de la même façon que nous entendons les personnes qui nous entourent. A la messe, nous comptons sur les lecteurs et les prêtres (ou les diacres) pour annoncer la parole avec éloquence mais simplement, la prononçant de telle façon que la parole puisse vivre, et ainsi toucher directement nos cœurs et nos esprits.

Les Saintes Ecritures n’hésitent pas de parler avec une voix féminine, notamment dans le Cantique des Cantiques, et dans les livres de Ruth, de Judith, et de la Sagesse. La Salette se situe bien dans cette tradition.

En écoutant les paroles de Jésus dans l’Evangile d’aujourd’hui, on pourrait se demander ce qu’il veut dire quand il dit à Jean, « Il convient que nous accomplissions ainsi toute justice ». Plusieurs biblistes, anciens et modernes, sont d’accord que cela signifie accomplir la volonté de Dieu.

On trouve ce même principe au cœur du message de Marie à la Salette. La volonté de Dieu à notre égard est toujours pour notre bien. Lui rendre grâces est, comme l’on dit avant le Préface de la messe, juste et bon. Mais cette justice s’étend au-delà de l’accomplissement des exigences légales.

Le concept biblique de justice se réfère à un état d’être ou tout est comme il se doit, ou chacun fait ce qui est juste et bon. Cela résulte en joie et paix pour tous.

Sans employer la parole, la Belle Dame décrivait l’injustice de son peuple. En négligeant les affaires de Dieu, il s’était placé dans une situation ou tout n’était pas comme il se doit, et il se trouvait ainsi loin de la joie et de la paix.

Comme Jésus, nous sommes appelés enfants bien-aimés de Dieu, en qui il trouve sa joie. La Vierge, en modulant sa voix à ce message, nous le communique à nouveau, de façon merveilleuse.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

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