Comparer et opposer

(3edimanche de Carême : Exode 3, 1-15 ; 1 Corinthiens 10, 1-12 ; Luc 13, 1-9)

A un moment ou l’autre de notre éducation la plupart de nous ont reçu un devoir qui consistait à analyser les ressemblances et les différences entre deux auteurs, événements historiques, etc. Je ne peux résister à la tentation de comparer et opposer la Salette et notre lecture de l’Exode.

Dieu dit à Moïse : « N’approche pas d’ici ! »

La Belle Dame dit : « Avancez, mes enfants. »

Dieu dit : « J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple... Oui, je connais ses souffrances. »

Marie, en pleurs, décrit les souffrances de son peuple.

Dieu : « Je suis descendu pour le délivrer et le faire monter vers un pays, ruisselant de lait et de miel. »

La Vierge : « Je suis ici pour vous conter une grande nouvelle... les pierres et les rochers deviendront des monceaux de blé. »

St. Paul écrit que ce qui est arrivé aux ancêtres du peuple juif dans le désert sert d’exemple, d’avertissement, aux lecteurs chrétiens. Et Jésus, au moyen de ses paraboles, invite ses disciples à comparer et opposer ses paroles à leur vie.

En particulier, Jésus compare ses auditeurs aux victimes de deux désastres. « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. »

Cette citation figure d’une façon significative dans un détail de l’histoire de la Salette. Le 3 novembre 1874, le P. Sylvain-Marie Giraud, Supérieur général des Missionnaires de Notre Dame de la Salette, fut reçu en audience avec le pape Pie IX. P. Giraud demanda ce qu’on doit penser des ‘secrets’ de la Salette, que Mélanie et Maximin avaient envoyés au Saint-Père—pour ses yeux seuls—plusieurs années auparavant. Pie IX répondit : « Ce qu’il faut en penser ? Si vous ne faites pénitence, vous périrez tous !... Voilà ce qu’il faut en penser ! »

Avec cette parole, le pape indiquait qu’il attachait peu d’importance aux secrets comme tels. Cela a toujours été la position des Missionnaires de la Salette, aussi. Ce que l’on considère la norme, c’est le message approuvé en 1851 par l’Evêque de Grenoble.

Et ce message peut se résumer par une autre comparaison, du psaume d’aujourd’hui : « Comme le ciel domine la terre, fort est amour du Seigneur pour qui le craint. »

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Le don gratuit de Dieu

(2edimanche de Carême : Genèse 15, 5-18 ; Philippiens 3, 17-4,1 ; Luc 9, 28-36)

Dans la discussion au sujet de la valeur de la foi et des œuvres il n’y a pas de texte plus essentiel que Genèse 15, 6 : « Abram eut foi dans le Seigneur et le Seigneur estima qu’il était juste. » St Paul commente longuement dans Romains 4.

Le psaume 142, 2 plaide : « N'entre pas en jugement avec ton serviteur : aucun vivant n'est juste devant toi. » La foi d’Abram, donc, ne donne pas preuve de sa droiture devant Dieu, mais le Seigneur la lui ‘estima’, comme pour dire, ce n’est pas parfait mais ça va suffire.

Il est important de nous souvenir de cela quand nous réfléchissons sur la Salette. La conversion que Marie désire ne consiste pas seulement à respecter le nom du Seigneur et le jour du Seigneur, à observer le carême et prier avec fidélité. L’importance de ces attitudes ou activités tient de la foi qui les accompagne.

Jacques 2, 26, cependant, raisonne que la foi sans les œuvres est morte. En autres mots, la foi requiert expression concrète dans la teneur de notre vie.

Ni la foi ni les œuvres ont le pouvoir de nous rendre justes. Cela est le don gratuit de Dieu, à Abram et à nous. C’est dans sa miséricorde qu’il choisir de considérer notre foi forte et nos œuvres grandes.

Souvent nous désirons ce qui est au-delà de nous. « Nous, nous avons notre citoyenneté dans les cieux, d’où nous attendons comme sauveur le Seigneur Jésus Christ, » écrit st Paul. Il décrit notre statut comme inachevé, dans l’attente que Jésus le complètera.

Jésus a choisi seulement trois de ses apôtres comme témoins de sa transfiguration sur la montagne. Cela aussi fut un don gratuit qu’ils ne méritaient pas. Pierre a bien raison de dire, « Maître, il est bon que nous soyons ici ! » Il comprenait la nature privilégiée de l’événement.

Beaucoup de pèlerins de la Salette ont le même sentiment. La montagne même suggère la hauteur spirituelle à laquelle la Belle Dame veut nous élever.

Le 19 septembre 1846, après que la Vierge a disparu, Mélanie dit à Maximin que la Dame devait être une grande sainte. Maximin répondit, « Si j’avais su cela, je lui aurais demandé de m’amener avec elle. » Oui, avec son aide nous pouvons oser prier les paroles du psaume d’aujourd’hui : « J’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants. »

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Profession de foi

(1er dimanche de Carême : Deutéronome 26, 4-10 ; Romains 10, 8-13 ; Luc 4, 1-13)

Le rite de la récolte prescrit par Moïse raconte comment Dieu a sauvé son peuple de l’esclavage. Ça prend la forme d’un récit historique, mais c’est plutôt une profession de foi en le Dieu sauveur.

St Paul nous invite à affirmer notre foi : « Si de ta bouche, tu affirmes que Jésus est Seigneur, si, dans ton cœur, tu crois que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, alors tu seras sauvé. »

La foi, une foi vive, est le fondement de toute vie chrétienne. Elle s’exprime de façon communautaire et de façon personnelle. Nous trouvons les deux à la Salette.

Le carême, une tradition communautaire, existe dans l’Eglise depuis plusieurs siècles. A l’époque de l’Apparition, les pratiques de pénitence associées à cette saison étaient plus rigoureuses qu’aujourd’hui, surtout quant au jeûne. Notre Dame de la Salette se réfère directement à ce que son peuple ignore totalement cette discipline annuelle.

Quant à l’expression personnelle de la foi, la Vierge mentionne l’importance de la prière—rien de compliqué, mais au moins ce qui suffit pour maintenir contact quotidien avec Dieu, soir et matin. Davantage quand on peut mieux faire.

La foi elle-même est communautaire, en autant que nous partageons le même credo. Elle est personnelle, aussi, mais pas dans le sens d’être libre à choisir à quoi croire ou ne pas croire. C’est plutôt dans les sens que chacun de nous est unique, et ainsi nous ne répondons pas tous avec la même intensité à chaque aspect de notre foi. Pour ceux qui sont très liés à la Salette, par exemple, la réconciliation, en toutes ses formes, résonne d’une façon spéciale.

En effet, c’est comme cela que ces réflexions sont composées, en écoutant les échos, de part et d’autre, entre les Saintes Ecritures et l’événement, le message et le mystère de la Salette.

Le carême est un temps pour ranimer la foi personnelle dans le contexte de la foi de l’Eglise, pour nous rappeler que nous ne vivons pas seulement de pain (ni de viande).

Portez attention à votre réponse intérieure en abordant les lectures de la messe. Vous pourrez y découvrir une nouvelle profondeur dans votre rapport avec le Christ, un appel plus fort pour vivre selon son enseignement, une conviction plus solide dans votre profession de foi.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

La parole : dite, écrite, vécue

(8edimanche du Temps ordinaire : Ben Sira 27, 4-7 ; 1 Corinthiens 15, 54-58 ; Luc 6, 39-45)

Le Livre de Ben Sira le Sage, plein de bon sens, fait partie de la littérature de Sagesse. Il en est de même souvent pour l’enseignement de Jésus. Ainsi nous avons aujourd’hui deux dictons presque interchangeables.

Ben Sira écrit : « C’est le fruit qui manifeste la qualité de l’arbre ; ainsi la parole fait connaître les sentiments. » Et Jésus dit : « Chaque arbre se reconnaît à son fruit… ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur. »

Ainsi, quand quelqu’un en colère prononce le nom de Jésus, quel fruit voyons-nous ? A la Salette Marie parle directement là-dessus. Son peuple, son peuple chrétien, en abusant de cette façon le nom de son Fils, révèle un cœur peu chrétien.

Quelqu’un dira peut-être, « Je ne veux rien dire par cela. » Mais ça rend la situation encore pire. Comment peut-on prononcer ce nom comme s’il était sans importance ? N’oubliez pas ce que st Pierre a dit au Sanhédrin : « En nul autre que lui, il n’y a de salut, car, sous le ciel, aucun autre nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver. »

Considérant cela d’un autre côté, il y a la Parole de Dieu, dans les Saintes Ecritures. Dans les Evangiles, le mot ‘écrit’ advient environ cinquante fois, invoquant l’autorité de la Parole de Dieu pour résoudre une question ou démontrer un point, comme le fait st Paul quand il écrit, « Alors se réalisera la parole de l’Écriture : La mort a été engloutie dans la victoire. »

La Belle Dame se plaint que son peuple ne montre aucun intérêt à entendre la Parole de Dieu. « Il ne va que quelques femmes un peu âgées à la messe. » Il y a loin des mots de Jésus : « Heureux ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent ! » (Luc 11, 28)

La majorité de nous doit compter sur les traductions pour comprendre les Ecritures. A la Salette, Marie passa au patois local quand elle s’est aperçue que les enfants ne comprenaient pas ce qu’elle leur disait en français. Cela montre l’importance, pour elle, qu’ils fassent passer son message à tout son peuple.

C’est ainsi que la Parole toute importante de Dieu doit se traduire non seulement dans les nombreuses langues du monde, mais aussi dans le seul langage qui compte vraiment, celui de notre vie.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Transformé

(7ème dimanche ordinaire : 1 Samuel 26, 2 ; 7-9 ; 22-23; 1 Corinthiens 15, 45-49 ; Luc 6, 27-38)

Le pouvoir transformateur de la grâce de Dieu est merveilleusement démontré par son pardon, éloquemment décrit par le psalmiste : « Aussi loin qu’est l’orient de l’occident, il met loin de nous nos péchés. » (Voyez aussi Michée 7, 19 et Isaïe 38, 17.)

La bible parle ouvertement des péchés de David ; mais elle dit aussi que son cœur était « tout entier au Seigneur. » (1 Rois 11, 4) Il refusa de tuer Saül, son ennemi, parce que celui-ci avait reçu l’onction du Seigneur.

La réflexion de Paul au sujet de l’homme terrestre et de l’homme céleste est mystérieux, mystique. Lui aussi a de la peine à expliquer le changement qui se produira certainement dans la résurrection.

Les demandes que Jésus impose à ses disciples nous sont tellement familières qu’on pourrait manquer d’apercevoir comment elles devaient paraître, à son auditoire, contraires à la logique. Elles supposent une conversion sérieuse. « Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux » —c’est plus facile à dire qu’à faire.

Marie à la Salette demande, elle aussi, le changement. La conversion nous est déjà difficile, mais la soumission est désagréable, même quand la promesse d’abondance l’accompagne.

Nous avons peut-être signe qu’une telle transformation est possible, dans Maximin et Mélanie eux-mêmes, quoique pas dans le sens moral. Lors des interrogations, ils ont montré une persévérance et une intelligence bien au-delà de ce qu’une personne raisonnable aurait pu s’attendre d’eux. Quand ils parlaient de l’Apparition, Mélanie devenait moins taciturne, Maximin plus calme.

Tout enfant comprend le lien qui existe entre les larmes et la vie, et avec les situations qui cherchent la consolation : la douleur, le chagrin, la peur, etc. Quand des enfants visitent un Sanctuaire de la Salette pour la première fois, ils s’attristent pour la Belle Dame, et demandent à leurs parents, « Pourquoi pleure-t-elle ? »

Marie elle-même répond à cette question. Son peuple a oublié son Fils. Cela ne doit pas continuer. Elle se voit chargée de le prier sans cesse pour nous. Nous ne pourrons jamais récompenser les peines qu’elle a prises pour nous ; ce qui ne veut pas dire qu’on ne peut pas essayer.

La grâce transformatrice de Dieu est puissante à la Salette, pas seulement sur la Sainte Montagne mais dans tous ceux qui prennent à cœur les paroles de la Vierge, ainsi que ses larmes et sa tendresse.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

L’un ou l’autre

(6edimanche ordinaire : Jérémie 17, 5-8 ; 1 Corinthiens 15, 12-20 ; Luc 6, 17-26)

Toutes les lectures, y compris le Psaume, contiennent une sorte d’ultimatum. Mets ta foi dans le Seigneur, tu seras sans inquiétude ; sinon, tu ne verras pas venir le bonheur. Si tu n’aimes pas la Loi de Dieu, tu seras comme la paille déblayée par le vent. Le seul espoir de notre salut repose sur la résurrection de Jésus. Malheur à toi si tu es riche, repu, riant, bien estimé.

Dans le message de la Salette : ou nous ne voulons pas nous soumettre, ou nous nous convertissons.

Le texte de l’Evangile ressort de cette série par sa différence : il n’exige pas que nous choisissions entre la pauvreté et la richesse.

Les béatitudes chez st Mathieu reviennent plus facilement à la mémoire, et nous oserions presque penser qu’en général on les préfère. La version de st Luc est sans ambages, même troublante. Est-ce vrai qu’il vaut mieux être pauvre que riche ?

La question n’est pas d’ordre moral, comme si les pauvres étaient bons et les riches mauvais. Il existe des textes dans l’Ancien Testament comme dans le Nouveau, ou la richesse est presque synonyme du mal ; là on souligne les dangers de la richesse : cupidité, égoïsme, injustice. Mais ici, chez st Luc, il n’y a pas question de tout cela. Il s’agit plutôt d’une juste perception du bonheur.

La Belle Dame comprenait bien l’angoisse de son peuple face à la possibilité de ne plus avoir du pain à manger. Comme Jérémie, elle nous exhorte à ne pas confier en nous-mêmes mais en Dieu, en honorant le jour du Seigneur. 

La réaction spontanée devant un ultimatum est de le rejeter. Les prophètes auraient certes préféré d’autres moyens pour persuader leurs auditeurs. Dieu sait qu’ils ont fait leur possible, mais le peuple choisi continuait à suivre le chemin vers la destruction. 

Les enfants que ne grandissent pas comme il faut, ou les adultes qui éprouvent une détérioration anormale, on besoin d’un traitement particulier. Nous pouvons appliquer cette notion également à la vie spirituelle.

Ou nous fleurissons, ou nous périssons. L’objectif du prophète, du psalmiste, de st Paul, de Jésus et de Notre Dame de la Salette est de veiller à notre bien-être spirituel. Autrement dit, pour citer Jean 10 :10, ils veulent, tous, que nous ayons la vie, la vie en abondance.

En bonne compagnie

(5edimanche du Temps ordinaire : Isaïe 6, 1-8 ; 1 Corinthiens 15, 1-11 ; Luc 5, 1-11)

Nous avons souvent fait remarquer dans ces réflexions que Mélanie et Maximin, en raison de leur place dans la société, de leur manque d’éducation, de leur caractère personnel, étaient peu préparés pour une révélation du ciel. Nos lectures, aujourd’hui, démontrent qu’ils étaient en bonne compagnie.

« Malheur à moi ! je suis perdu, » s’écrie Isaïe, sachant bien qu’il n’était pas digne d’être témoin de la gloire de Dieu. St Paul dit qu’il est « le plus petit des Apôtres, pas digne d’être appelé Apôtre, » à cause de son passé de persécuteur de l’Eglise. Et quand St Pierre a vu la pêche miraculeuse, par instinct il demanda à Jésus de ne rien avoir à faire avec un pécheur comme lui.

Il ne s’agit pas de fausse humilité ; chacun d’eux dit la vérité. Mais en même temps, chacun d’eux répond à l’appel qui accompagne l’expérience. Isaïe offre ses services : « Me voici : envoie-moi ! » Pierre et ses compagnons ont tout quitté afin de suivre Jésus. Et Paul témoigne comment Dieu s’est servi de lui : « Mais ce que je suis, je le suis par la grâce de Dieu, et sa grâce, venant en moi, n’a pas été stérile. Je me suis donné de la peine plus que tous les autres ; à vrai dire, ce n’est pas moi, c’est la grâce de Dieu avec moi. »

Comme Isaïe, Paul, Pierre, Maximin et Mélanie, il n’y a personne qui mérite la place reçue dans le plan de Dieu. Seuls, nous ne pouvons rien. « Tu fis grandir en mon âme la force, » selon le psalmiste.

Jésus savait bien ce qu’il faisait, ce jour-là, sur la Mer de Galilée. Marie comprenait bien ce qu’elle faisait, ce jour-là dans les Alpes françaises. Les deux avaient besoin de témoins capables, et les meilleurs témoins sont ceux qui n’auraient jamais pu inventer les choses qu’ils disent, et qui n’ont aucune raison de le faire.

Immédiatement après sa réponse à l’appel, Isaïe apprend que le peuple ne l’écoutera pas. Certaines lettres de Paul se dévouent principalement à corriger les erreurs doctrinales ou morales dans les communautés qu’il avait fondées. Dans chaque évangile on voit bien les faiblesses de Pierre. Mélanie et Maximin furent mis de côté quand leur mission a été assumés par l’Eglise. Sont-ils des ratés ? Non.

La sainteté ne requiert pas le succès. L’important c’est d’être fidèle jusqu’au bout, comme eux, malgré les obstacles en nous et autour de nous.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Amour pur et dur

(4edimanche du temps ordinaire : Jérémie 1, 4-19 ; 1 Corinthiens 13 ; Luc 4, 21-30)

« … prend patience, rend service, ne jalouse pas ; ne se gonfle pas d’orgueil, » autant de qualités qui décrivent l’amour qui peut se nommer la tendresse. De là à l’amour pur et dur dont a besoin Jérémie, et que Jésus démontre à l’occasion, il y va de loin.

Ces deux espèces d’amour se trouvent partout dans la Bible (même chez Jérémie), donc on ne se surprend pas de trouver les deux à la Salette.

Les premières paroles de Marie, « N’ayez pas peur, » deviennent plus rassurantes lorsqu’elle appelle Maximin et Mélanie « mes enfants. » Ses larmes, sa proximité aux enfants, son petit rappel au sujet de l’importance de la prière, autant d’éléments qui nous démontrent sa tendresse envers les deux enfants et envers son peuple.

Plus tôt dans sa lettre, st Paul emploie des paroles dures envers les Corinthiens et contre leurs querelles incessantes, et pour « celui qui aura mangé le pain ou bu la coupe du Seigneur d’une manière indigne. » Le chapitre 13 nous présente l’idéal, non hors de portée, mais qui ne vient pas automatiquement.

Les dures paroles de la Belle Dame concernent l’infraction de la loi du repos sabbatique et de la messe dominicale, le refus d’obéir aux prescriptions du Carême, et surtout le non-respect du nom de son Fils. Là elle se sert d’amour pur et dur.

Dans Proverbes 13, 24 nous lisons : « Qui ménage sa trique n’aime pas son fils, qui l’aime vraiment veille à le corriger. » La discipline dont se sert la Vierge de la Salette est tempérée par sa tendresse. Elle veut démontrer à son peuple ce qu’il doit faire afin d’éviter la trique ou, dans ses propres paroles, le bras fort et pesant de son Fils.

A Nazareth, Jésus n’a pas caché son déplaisir quand ceux qui lui rendaient témoignage se demandaient ensuite, « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? » (comme dire que ce n’est quele fils de Joseph). Il les châtia, mais seulement de parole, et ensuite il les quitta, punition suffisante pour leur manque de foi.

Ce fut le déplaisir de son Fils qui poussa la Vierge à intervenir dans la vie de son peuple. Elle devait leur faire comprendre que seulement la conversion pourrait détourner le désastre imminent. Son amour nous fournit le modèle à suivre : « il ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de rancune ; mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai. » En fin de compte, il s’agit de l’amour idéal, qui « ne passera jamais. »

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Maintenant vous le savez

(3edimanche du Temps ordinaire : Néhémie 8, 2-10 ; 1 Cor. 12, 12-30 ; Luc 1, 1-4 et 4, 14-21)

Après que Mélanie raconta ce qui était arrivé dans la montagne, une vieille femme connue la Mère Caron se tourna vers son fils et lui dit, « Et après tout cela, tu vas encore travailler le dimanche ? » 

Elle était la première à comprendre que la Belle Dame devait être la Sainte Vierge. Elle a aussi compris que la ‘grande nouvelle’ de Marie demandait une conversion de cœurs et de vie.

Nous voyons cela aussi bien dans le texte de Néhémie : « Hommes, femmes, et tous les enfants en âge de comprendre : tout le peuple écoutait la lecture de la Loi, » pour environ six heures ! Plusieurs, apparemment, ne l’avait jamais entendue, et ils pleuraient en apprenant que, sans s’en rendre compte, ils avaient violé la Loi.

C’était une grande découverte pour eux. Pourtant, on leur a dit de ne pas pleurer mais plutôt de se réjouir. Prenant ainsi connaissance de la Loi, ils pourraient maintenant l’observer. De cette façon ils pouvaient espérer éviter les punitions et l’exile infligés à leurs ancêtres qui n’avaient pas été fidèles à la Loi. Ils pourraient dorénavant être en bon rapport avec leur Dieu.

C’est certainement le cas présenté dans l’Evangile. Lorsque Jésus dit, « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre, » il dit en effet, « Voici le jour que vous attendiez ! » Ils l’ont bien compris. Le reste de l’Evangile concerne l’acceptation ou le rejet de ce que Jésus prétend être.

Le Nouveau Testament démontre maintes fois les implications de la foi au Christ. La réflexion pratique, presque philosophique de st Paul au sujet du corps et de ses multiples membres découle directement d’une proclamation théologique : « C’est dans un unique Esprit, en effet, que nous tous, Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés pour former un seul corps. Tous, nous avons été désaltérés par un unique Esprit. » Si seulement la communauté chrétienne de Corinthe comprenait cela, les différends et les rivalités se résoudraient facilement.

Il y va d’urgence aux paroles de Marie à la Salette. Maintenant que son peuple a pris connaissance comment et à quel point il s’est éloigné de Dieu, peut-être comprendra-t-il les paroles du psalmiste : « Les préceptes du Seigneur sont droits, ils réjouissent le cœur. »

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

L’Initiative de Marie

(2edimanche du Temps ordinaire : Isaïe 62, 1-5 ; 1 Cor. 12, 4-11 ; Jean 2, 1-11)

« On ne te dira plus : « Délaissée ! » À ton pays, nul ne dira : « Désolation ! » Toi, tu seras appelée « Ma Préférence », cette terre se nommera « L’Épousée » … Comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu. »

Dans tous les prophètes, il n’y a pas beaucoup de textes plus remplis d’espoir, plus beaux que celui-ci.

Le peuple auquel Marie s’adressa par l’entremise de ses deux jeunes messagers se sentait abandonné, et sa terre était désolée. Elle a vu leur détresse et s’est décidée d’intervenir. Je me souviens d’une conférence sur la Salette que j’ai entendue quand j’étais séminariste. Le conférencier insista que la Belle Dame n’eût pas dit, « J’ai été envoyée, » mais plutôt « Je suis ici, » indiquant de cette façon que l’idée était la sienne. A la Salette, en autres mots, l’initiative venait d’elle.

C’est là l’image de Marie que l’on trouve dans le texte de notre évangile. Elle signala à Jésus la situation embarrassante de la fête du mariage. Quand Jésus lui fit objection que cela ne leur importait pas, elle savait bien qu’il comprendrait son souci, et elle dit à ceux qui servaient de faire tout ce que lui leur dirait de faire.

Le message de la Salette ressemble à celui de Cana. Il peut se résumer dans les paroles, « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. » C’est peut-être pour cela que l’une des murailles a la Basilique de la Salette, peinte en 1989, représente les noces de Cana.

Le passage de 1 Corinthiens déligne plus clairement cette pensée. « Tout ce qu’il vous dira » varie selon les dons du Saint-Esprit. Mais, pour atteindre son but, le don reçu doit devenir et rester actif.

Chacun de nous a reçu le don spirituel de la Salette ; chacun doit trouver sa propre façon de le partager. Tandis que moi, j’écris cette réflexion, un autre cherche à opérer la guérison d’une famille brisée, une autre offre sa souffrance personnelle pour la cause de la réconciliation, ou encore… mais vous avez compris.

Marie a décidé de venir à nous. Elle a souligné un certain nombre de devoirs chrétiens de base, mais la signification de ses paroles va bien au-delà des mots. Elles nous fournissent une charpente pour une vie chrétienne fidèle, où les paroles ‘délaissé’ et ‘désolation’ n’ont plus de place.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

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