Prend garde
(5e dimanche de Paques : Actes 6, 1-7 ; 1 Pierre 2, 4-9 ; Jean 14, 1-12)
Dans la seconde lecture, aujourd’hui, st Pierre combine trois textes distincts de l’Ancien Testament : Isaïe 28, 16, Psaume 117, 22, et Isaïe 8, 14.
Les deux premiers donnent emphase à son exhortation : « Approchez-vous du Seigneur Jésus : il est la pierre vivante rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse devant Dieu. Vous aussi, comme pierres vivantes, entrez dans la construction de la demeure spirituelle ».
Mais le troisième fait référence à « une pierre d’achoppement », et il ajoute, « Ils achoppent, ceux qui refusent d’obéir à la Parole. »
L’image convient pour le peuple dont Marie se plaignait à la Salette. Ils trébuchaient de maintes façons. Le blé et les pommes de terre gâtés, les raisins pourris, les noix vermoulues, la famine en perspective—il n’est pas surprenant qu’ils soient anxieux et démoralisés.
La Vierge voyait tout cela, mais aussi leur récolte spirituelle gâtée—leur indifférence et leur moquerie envers la religion, leur manque de respect blasphématrice pour le nom de son Fils. Tout cela les avait abaissés profondément, en effet.
Tout trébuchement spirituel n’est pas un péché. Dans la première lecture, par exemple, nous voyons la dissension à propos de la distribution de la nourriture, que menaçait l’harmonie de la communauté primitive de Jérusalem. Une solution se présenta avant que des dommages permanents puissent en résulter.
Il en est de même pour nos doutes et nos questions. Le plus souvent ils expriment franchement notre impuissance de comprendre les intentions de Dieu. Quand vient la tentation de blâmer Dieu pour nos difficultés, il faudrait nous rappeler le texte d’Isaïe 28, 16, que cite st Pierre : « Je vais poser en Sion une pierre angulaire, une pierre choisie, précieuse ; celui qui met en elle sa foi ne saurait connaître la honte ».
Nous devons avoir confiance en la pierre angulaire et construire sur elle un édifice d’espérance. Trébucher, ça se comprend. Mais il faut vouloir se relever.
N’oublions pas l’Evangile, où Jésus dit, « Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi », et « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ». Sur ce chemin nulle chute n’est fatale ; vis-à-vis cette vérité aucun doute n’est permanent ; et dans cette Vie, la mort n’a plus de pouvoir.
Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.