Par le Père Michel Faillon, missionnaire au Sanctuaire de Notre Dame de la Salette.
Marie commençait son message par ces mots : « avancez mes enfants, n’ayez pas peur ! » C'est une parole fondamentale. Marie se fait là l'écho presque mot à mot du message donné aux bergers dans la nuit de Noël à Bethléem : « n'ayez pas peur, car je vous annonce une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple ». C’est l'invitation de Jésus ressuscité apparaissant à ses disciples. Lors de la Transfiguration, du Ciel une voix dit : « Voici mon Fils bien-aimé, j'ai mis en lui tout mon amour, écoutez-le ». A ces mots, les disciples tombèrent face contre terre, saisis d'effroi, mais Jésus s'approcha d’eux, les toucha et leur dit : « Levez-vous, n’ayez pas peur ».
Dans l'évangile de Marc au chapitre 6, à la vue de Jésus marchant sur le lac, ils crurent à un fantôme et poussèrent des cris. Tous en effet l'avaient aperçu et avaient été saisis par l'émotion, mais lui leur parla aussitôt : « courage leur dit-il, c'est moi n'ayez pas peur ! » La peur est le contraire de la foi, comme Jésus nous en avertit dans l'Évangile au chapitre 4 de Saint Marc : « Pourquoi avez-vous peur, n’avez vous pas de foi ? ». Comment ne pas se rappeler la première parole au monde de Karol Wojtyla devenu le pape Jean-Paul II le 16 octobre 1978 : « N'ayez pas peur ouvrez toutes grandes vos portes au Christ Rédempteur » Et le pape Benoît XVI lors de sa première apparition au balcon du Vatican dit presque la même chose : « N'ayez pas peur vous les croyants, de vous présenter comme tels dans le monde ; il ne faut pas avoir peur de Dieu, peur de son intervention dans notre vie, mais accepter de le laisser bousculer, déranger. » Écoutons encore ces paroles d'il y a déjà quelques temps de cet évêque du nord-est du Brésil, dans les années 1970, s'adressant à des petits paysans, ceux qu'on appelés « les paysans sans terre ». Les gros exploitants les expulsaient au profit des multinationales pour l'agriculture industrielle. Il disait :
« N'ayez pas peur mes frères agriculteurs, sachez que la vague de terrorisme qui s'avance prétend étouffer l'effort que vous faites pour vous libérer ; n'ayez pas peur, n’ayez peur de rien ni de personne. Ayez seulement peur de haïr, ayez peur de sentir la haine dans votre coeur, mais n’ayez peur de rien d'autre. Je n'ai pas d'armes, je n'ai rien, mais je n'ai pas peur de la prison. J'ai seulement peur de trahir mon peuple, j'ai peur d'être peureux ». Marie nous redit toujours comme en 1846 « N'ayez pas peur, vous que l'on veut effrayer par l’insécurité des banlieues, des quartiers difficiles ou l'invasion des immigrés. N’ayez pas peur de créer des liens de fraternité active envers et contre tout, de travailler au développement économique des pays pauvres et à la ré humanisation des pays riches ». Monseigneur de Kerimel évêque de Grenoble disait aussi lors du pèlerinage diocésain de 2016 à la Salette : « N'ayez pas peur de vivre pleinement votre foi dans un monde sécularisé, n’ayez pas peur de sortir de vos petits cercles, d'aller à la rencontre des autres au nom de votre foi ; n’ayez pas peur des menaces qui pèsent sur le monde, sur notre pays, sur notre société, sur l'Eglise. Dans la mesure où vous êtes établis sur le roc ne vous laissez pas tétaniser par ce qui va mal. »