Filtrer les éléments par date : mercredi, 26 février 2020

J’ai soif

(3e dimanche de Carême : Exode 17, 2-7 ; Romains 5, 1-8 ; Jean 4, 5-42)

Les lectionnaires français et espagnol fournissent des informations qui ne sont pas évidentes dans la traduction anglaise de la première lecture, c.-à-d. : Mériba vient du verbe signifiant ‘chercher querelle’, et Massa, ‘mettre à l’épreuve’. Les deux se réfèrent au caractère antagoniste de l’épisode où les hébreux ont osé récriminer contre Dieu.

Dans Michée 6, 1-2, le prophète appelle son peuple : « Lève-toi ! Engage un procès avec les montagnes, et que les collines entendent ta voix. Montagnes, écoutez le procès du Seigneur... Car le Seigneur est en procès avec son peuple ». Encore nous trouvons la racine de Mériba, cette fois comme ‘procès’.

Le message de Notre Dame de la Salette s’inscrit dans ce contexte. Elle réprimande son peuple pour ses péchés, surtout l’indifférence. Le psaume d’aujourd’hui qui, lui aussi, se réfère à Mériba et Massa, a le refrain, « Aujourd’hui, ne fermez pas votre cœur, mais écoutez la voix du Seigneur ! »

Quand Jésus demande à boire à la femme, elle adopte une attitude contentieuse. « Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » Jésus ne s’en offense pas, mais initie un dialogue avec elle, avec les paroles : « Si tu savais le don de Dieu ».

Plus tard dans l’Evangile de Jean, Jésus déclarera du haut de Golgotha, « Jai soif ». Ici, au chapitre 4, sa soif vient de la fatigue de la route. Mais nous y percevons un peu la soif présente dans toute sa vie et tout son ministère, le désir intense qu’il exprime dans Jean 12, 32 : « Moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes ». En satisfaisant notre soif, Jésus étanche la sienne.

Sur la croix, il sortit du sang et de l’eau du côté percé de Jésus. Le célèbre commentateur biblique Matthew Henry expliqua ceci de la façon suivante : « Ces mots signifient les deux grands bienfaits que chaque croyant reçoit moyennant le Christ—la justification et la sanctification ; le sang pour la rémission, l’eau pour la régénération ; le sang pour l’expiation, l’eau pour la purification ».

La théologie catholique applique cela également aux sacrements.

A la Salette, il y a une source miraculeuse. Elle existait depuis longtemps, mais se desséchait toujours durant l’été. Mais depuis l’apparition cette source n’a jamais cessé de couler, un rappel des larmes de la Belle Dame, et de sa soif la plus profonde—la nôtre, aussi, si seulement nous nous en rendions compte.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Publié dans MISSION (FR)

La vocation

(2e dimanche de Carême : Genèse 12, 1-4 ; 2 Timothée 1, 8-10 ; Matthieu 17, 1-9)

Il y a une légère contradiction entre le Psaume et notre deuxième lecture. Dans le premier nous lisons, « Dieu veille sur ceux qui le craignent, qui mettent leur espoir en son amour, pour les délivrer de la mort, les garder en vie aux jours de famine ». L’espoir et une crainte révérencielle semblent être une condition de délivrance.

Mais ensuite st Paul nous dit, « Dieu nous a sauvés, il nous a appelés à une vocation sainte, non pas à cause de nos propres actes, mais à cause de son projet à lui et de sa grâce ». Ici le salut est sans conditions.

Nous constatons cela aussi bien dans la première lecture. Abram est appelé et reçoit les excellentes promesses de Dieu, sans avoir rempli aucune condition préalable. Et dans l’Evangile, aucune raison n’est donnée pour laquelle Jésus a choisi Pierre, Jacques et Jean comme témoins de sa transfiguration.

Le Seigneur appelle qui il veut, quand il veut, et comme il veut. Cela est vrai pour nous aussi. En tant que Salettins Laïques, Sœurs et Missionnaires, nous jouissons du don gratuit de l’amour de la Vierge.

Comme dans le cas d’Abram, la réponse à l’appel implique un changement, pas nécessairement géographique, évidemment, mais la conversion d’un cœur ouvert à d’autres dons : la crainte du Seigneur, la générosité dans le service de Dieu, la bonne disposition à prendre notre part « des souffrances liées à l’annonce de l’Évangile ».

Vivre la foi, professer le message de l’Evangile en catholiques, n’a jamais été facile, mais semble plus difficile dans l’ère moderne. Cela requiert la prière. La prière, à son tour, nécessite un silence, au moins suffisant pour pouvoir entendre les paroles, « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, … écoutez-le ! » prononcées d’une nuée lumineuse, et dont on entend l’écho dans le message d’une Belle Dame portant son image sur sa poitrine.

Et comment lire le Psaume d’aujourd’hui sans penser à elle ? A travers ses larmes, elle voyait les souffrances de tant de monde ; elle est venue « les délivrer de la mort, les garder en vie aux jours de famine », même s’ils étaient loin de craindre le Seigneur ou de mettre leur espoir en son amour.

Comment partageons-nous cette délivrance ? Il n’y a pas de réponse unique. Mais quand nous désirons profondément vivre notre vocation, une réponse se présentera en temps voulu, accompagnée probablement par les mots, « Soyez sans crainte ! »

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Publié dans MISSION (FR)
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