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Plus de crainte

(3Dimanche de l’Avent : Sophonie 3, 14-18 ; Philippiens 4, 4-7 ; Luc 3, 10-18)

D’une façon, les plus importantes paroles de la Belle Dame à la Salette furent les premières : « Avancez, mes enfants, n’ayez pas peur. » Sans quoi, nous n’aurions pas entendu le reste de son message.

Nous aimons ces paroles d’assurance, parce que nous en avons besoin. Nous les entendons abondamment dans les lectures d’aujourd’hui. Sophonie : « Ne crains pas. Ne laisse pas tes mains défaillir ! » St Paul : « Ne soyez inquiets de rien. » El le psaume responsorial, qui ne provient pas du Livre des Psaumes mais est tiré d’Isaïe 12 : « J’ai confiance, je n’ai plus de crainte. »

Dans l’Evangile, Jean Baptiste encourage ses auditeurs à donner généreusement, à éviter la cupidité, à l’honnêteté, à se satisfaire de ceux qu’ils possèdent. Autant de façons pour réduire la tension et l’anxiété dans la vie.

Mais vient ensuite le choque. Le Baptiste adopte un ton plus menaçant au sujet de celui que viendra après lui : « Il tient à la main la pelle à vanner pour nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera le grain dans son grenier ; quant à la paille, il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas. »

Et Luc de conclure : « Par beaucoup d’autres exhortations encore, il annonçait au peuple la Bonne Nouvelle. » La Bonne Nouvelle ne traite pas seulement de nouvelles agréables.

Tout orateur sait bien qu’il doit trouver différentes façons de s’adresser aux gens. Sa tâche est d’autant plus difficile que son auditoire est mixte : adultes, jeunes et enfants, gens de culture ou d’éducation différentes. Son discours doit atteindre tous et chacun.

La Vierge comprenait cela. D’abord elle a dû établir qu’elle est de notre côté. « N’ayez pas peur… Depuis le temps que je souffre pour vous autres… » et ensuite elle pouvait dire les autres choses que son peuple devait entendre. Certains seraient plus ouverts à ses avertissements, d’autres à ses promesses, d’autres encore à ses larmes, ou à son souci pour leur bien-être.

Nous disons souvent que la ‘grande nouvelle’ de Marie est semblable à la Bonne Nouvelle. Les deux peuvent être exigeantes, même dures à certaines oreilles. Les deux nous confrontent à des choix.

Rien de cela ne signifie que nous devons vivre dans la peur. Que l’appel viennent des Saintes Ecritures ou de la Salette, nous pouvons rester confiants et ne plus avoir de crainte.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Publié dans MISSION (FR)

Dieu se souvient

(2edimanche de l’Avent : Baruc 5, 1-9 ; Philippiens 1, 4-11 ; Luc 3, 1-6)

A la fin de son apparition, Notre Dame de la Salette s’éleva au-dessus des enfants, tandis que Maximin essayait de saisir une des roses autour de ses pieds. Elle semblait regarder vers le seul point de l’horizon d’où l’on peut voir au-delà des montagnes environnantes.

C’est une phrase de la première lecture qui me fait penser à cela. « Tiens-toi sur la hauteur, et regarde vers l’orient : vois tes enfants rassemblés du couchant au levant par la parole du Dieu Saint ; ils se réjouissent parce que Dieu se souvient. »

Je ne prétends pas que Marie pensait précisément à ce texte de Baruc ; mais tout de même, le texte convient presque parfaitement. C’est sans doute une telle vision et un tel espoir qui la poussèrent à nous honorer de sa présence.

Et il y a plus. Dévoués à la Belle Dame, nos cœurs vibrent aux thèmes du deuil, de la gloire, de la paix, du culte, de la miséricorde et de la justice ; nous les trouvons tous dans la même lecture.

Le plus émouvant pour moi est l’image des enfants de Jérusalem qui reviennent à elle, et « qui se réjouissent parce que Dieu se souvient. » Nous trouvons une idée semblable dans le Psaume 135, 23 : « Il se souvient de nous, les humiliés, éternel est son amour ! »

Un passage d’Isaïe bien connu dit la même chose, du point de vue négatif : « Jérusalem disait : ‘Le Seigneur m’a abandonnée, mon Seigneur m’a oubliée.’ Une femme peut-elle oublier son nourrisson, ne plus avoir de tendresse pour le fils de ses entrailles ? Même si elle l’oubliait, moi, je ne t’oublierai pas. »

St Paul écrit aux Philippiens, « Dieu est témoin de ma vive affection pour vous tous. » Non seulement désire-t-il être avec eux, mais il désire tous les biens spirituels pour eux. L’important est la rencontre avec Dieu.

Jean Baptiste a accompli cette prophétie d’Isaïe, envoyé pour préparer le peuple de Dieu pour une telle rencontre. La Vierge de la Salette en fait de même.

Pour faciliter cette rencontre, nous devons enlever tout obstacle qui puisse l’empêcher ou retarder. Si nous pouvons nous réjouir de ce que Dieu se souvient de nous, alors peut-être nous ne l’oublierons jamais plus.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Publié dans MISSION (FR)

Restez éveillés

(1erdimanche de l’Avent : Jérémie 33, 14-16 ; 1 Thessaloniciens 3, 12-4,2 ; Luc 21, 25-36)

La vigilance c’est comme l’attention ou l’observation mais elle ajoute un élément de persistance et d’urgence. Quand nous sommes vigilants, nous prenons garde de ne pas perdre de vue quoique ce soit. Nous désirons voir ce qui vient : le mauvais, afin de l’éviter, le bon, afin d’en prendre possession.

Vingt versets avant le texte d’aujourd’hui, Jésus prédit plusieurs événements terribles, signalant les difficultés qui en résulteraient. Après qui il ajoute, « Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche. » Cela renverse complètement notre attente. Est-ce que le mauvais peut annoncer le bon ? Est-ce que la famine et les autres maux mentionnés par la Vierge de la Salette, par exemple, peuvent conduire à l’espoir ? Oui, effectivement, si nous restons assez éveillés pour voir non seulement les événements, mais aussi leur signification.

Les gens aux alentours de la Salette étaient éveillés, certes, mais les signes qu’ils observaient concernaient le temps et ses effets sur leur culture. Ils savaient que la famine venait. Mais Notre Dame leur montre qu’ils n’avaient pas compris ‘l’avertissement,’ l’année auparavant, des pommes de terre gâtées. « C'est au contraire :  quand vous trouviez des pommes de terre gâtées, vous juriez, vous mettiez le nom de mon Fils au milieu. »

Le Jour du Seigneur peut inspirer l’espoir ou la peur, selon notre attitude. Dans notre texte de Jérémie (prophète de malheur, s’il en est) ‘ces jours-là’ ne seront que joie et espoir. Dans la 1èreaux Thessaloniciens st Paul commente longuement là-dessus : « Vous savez très bien que le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit… Alors, ne restons pas endormis comme les autres, mais soyons vigilants et restons sobres. » (1 Thess. 5, 2 et 6)

Dans la seconde lecture st Paul exhorte les Thessaloniciens, qui agissaient de façon à plaire à Dieu, « Faites donc de nouveaux progrès. »

Cela aussi est une forme de vigilance. Plus intense est notre rapport avec le Seigneur, plus nous saurons ce qu’il veut de nous. La Salette nous dirige dans cette direction. Et de même l’Eglise durant cette saison de l’Avent. La Noël ne passera pas inaperçue, c’est sûr, mais il ne faut pas en perdre sa plus profonde signification.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Publié dans MISSION (FR)

Une Sainte Maison

(Fête du Christ Roi : Daniel 7, 13-14 ; Apocalypse 1, 5-8 ; Jean 18, 33-37)

« La sainteté emplit ta maison, Seigneur, pour la suite des temps, » dit le psalmiste. Cette déclaration de fait est aussi un engagement à préserver la sainteté de la maison de Dieu, surtout si nous comprenons ‘maison’ dans son sens de ‘famille.’

Cela requiert l’intégrité, l’effort d’être ce que nous savons devoir être en tant que chrétiens. Dans l’Apocalypse Jésus est nommé ‘le témoin fidèle,’ et c’est ainsi que nous le voyons en face de Pilate. Il déclare : « Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. » Le véritable disciple du Christ en fait autant.

Quand Notre Dame de la Salette invita Mélanie et Maximin à faire passer son message, ils devinrent des témoins fidèles. Personne n’a été exclu ; les enfants sont allés, pour ainsi dire, dans tous les coins et recoins pour parler à qui voulait entendre.

La vérité à laquelle ils témoignaient était spécifique, limitée à ce qu’ils avaient vu et entendu dans les collines qui surmontaient le village de la Salette : la récolte gâtée, l’infidélité du peuple, le manque de respect pour les choses de Dieu, mais aussi la réalité tout importante, que la conversion est toujours possible. La lumière de la foi peut pénétrer par la plus minuscule ouverture du cœur ou de l’esprit.

Dans la vision de Daniel, « Il lui fut donné domination, gloire et royauté ; tous les peuples, toutes les nations et les gens de toutes langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle. »

Marie se sert de l’image du bras de son Fils pour démontrer sa domination, mais d’autres parties de son message font écho aux paroles de l’Apocalypse concernant Jésus, « qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang, qui a fait de nous un royaume et des prêtres pour son Dieu et Père. » Il est l’Alpha et l’Omega, le commencement et la fin, cherchant en tout temps et en tout lieu ceux qui appartiennent à la vérité et écoutent sa voix.

Accepter sa domination est un acte de soumission, non abjecte, mais sincèrement humble, cherchant le remède pour les maux qu’on a mérités. Il est impatient de nous bénir avec la paix et de nous sanctifier.

La Belle Dame désire nous attirer plus complètement dans la maison de Dieu, afin que son peuple devienne plus parfaitement le saint peuple de Dieu. Car la sainteté doit emplir sa maison pour la suite des temps. 

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

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Comme les étoiles

(33edimanche du Temps ordinaire : 1 Rois 17, 10-16 ; Hébreux 9, 24-28 ; Marc 12, 38-44)

Aimeriez-vous être comme une étoile ? Le prophète Daniel nous dit comment faire : « Ceux qui sont des maîtres de justice pour la multitude brilleront comme les étoiles pour toujours et à jamais. »

Evidemment, si nous voulons conduire des autres à la justice, nous devons parcourir ce chemin nous-mêmes. Est-ce que nous pouvons le trouver par nous-mêmes ? Non. L’acte de confiance exprimé dans le psaume responsorial est notre espoir, aussi : « Tu m’apprends le chemin de la vie. »

Cela me fait penser à la Consécration à Notre Dame de la Salette. La prière se termine en lui demandant : « Veuillez éclairer mon intelligence, guider mes pas, me consoler par votre maternelle protection afin que protégé contre les dangers du péché et fortifié contre mes ennemis, je puisse marcher avec ardeur et un courage invincible dans le chemin que vous et votre divin Fils m'avez tracé. »

Le but de Marie dans son apparition à la Salette se résume très bien dans cette prière. Plusieurs pèlerins à la sainte montagne expriment la même pensée par le geste symbolique de parcourir le chemin de la Belle Dame de l’endroit où les enfants l’ont d’abord vue, à la place où elle se tenait pour leur parler, et ensuite par là où elle gravit la pente pour se rendre à l’endroit où elle s’éleva en l’air et disparut de vue. 

Comme le geste de boire de l’eau de la fontaine miraculeuse, cette prière en forme de déplacement physique devient engagement à vivre à la lumière de ls Salette, qui n’est qu’un reflet de la lumière de l’Evangile.

Considérant l’Evangile d’aujourd’hui on serait porté à comparer la description apocalyptique de la fin du monde aux avertissements prophétiques de Notre Dame de la Salette. Cela n’est pas inexacte, mais nous devons poursuivre la comparaison plus loin. L’espoir que la Vierge nous offre—non seulement d’abondance future mais aussi de sa sollicitude maternelle—s’aligne sur la promesse de Jésus qu’il « enverra les anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde. »

Le fait d’être ses élus ne signifie pas que nous somme parfaits. Si nous venons un jour à acquérir la perfection, ce sera le don du Seigneur : « par son unique offrande, il a mené pour toujours à leur perfection ceux qu’il sanctifie. »

Le même Dieu qui a créé les étoiles du ciel, peut en créer aussi sur la terre. Nous les nommons saints.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

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Le sacrifice

(32edimanche du Temps ordinaire : 1 Rois 17, 10-16 ; Hébreux 9, 24-28 ; Marc 12, 38-44)

La vie d’une veuve était difficile. 1 Timothé 5 offre une série de préceptes pour le soin des veuves ; Exode 22, 21 dit, « Vous n’accablerez pas la veuve et l’orphelin. »

La pauvre veuve de l’Évangile d’aujourd’hui, selon la coutume d’alors, recevait probablement chaque jour le salaire pour le travail qu’elle réussissait à trouver. Mais au lieu d’épargner le peu qu’elle pouvait, elle décida en cette occasion de contribuer tout ce qu’elle avait, une somme dérisoire par rapport à ce que les autres mettaient dans le Trésor.

Si elle n’avait pas agi ainsi, on n’aurait pas ressenti l’absence de sa contribution. Et pourtant elle est fameuse, parce que le Seigneur lui-même l’a notée et louée. Il n’en a pas tiré de morale ; nous sommes donc libres de la tirer nous-mêmes. Tout au moins nous pouvons conclure que tout ce que nous faisons avec une foi généreuse importe à Dieu.

Dans la seconde lecture nous lisons que jésus, par son sacrifice, a enlevé les péchés de la multitude. Sans la résurrection, son sacrifice sur la croix aurait pu passer inconnu de l’histoire. Malheureusement, avec le temps, en plusieurs endroits du monde chrétien, son importance se prend comme de l’acquis, sinon oubliée.

En 1846, celle qui était restée debout au pied de la croix vint à une montagne en France. Deux enfants innocents ont reçu un message que rappelait à leur peuple—son peuple—combien ils s’étaient éloignés du juste chemin, car ils comprenaient peu la valeur de ce que son Fils avait accompli, lui qui « s’est offert une seule fois pour enlever les péchés de la multitude ; il apparaîtra une seconde fois, non plus à cause du péché, mais pour le salut de ceux qui l’attendent. »

Récemment j’ai lu un des grands classiques chrétiens, Le voyage du Pèlerinde John Bunyan. Une pèlerine nommés Christiana, prenant connaissance du sacrifice de Jésus et du pardon qu’il apporte, s’exclame : « Il me semble que mon cœur se fond au dedans de moi en pensant qu'il a dû verser son sang pour moi. Oh ! quel tendre ami ! oh ! que je te bénisse, toi qui es si digne de me posséder ; car tu m'as rachetée. Tu t'es acquis tous les droits sur mon cœur, puisque, pour m'avoir, tu as donné plus de dix mille fois ce que je vaux. »

En effet, on ne peut jamais rendre au Seigneur le prix qu’il a versé pour nous. Après un certain regret vient la gratitude, et puis le désir de donner ce qu’on peut en retour, aussi grand ou petit qu’il soit.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Publié dans MISSION (FR)

Le Seigneur notre Dieu 

(31edimanche du Temps ordinaire : Deutéronome 6, 2-6 ; Hébreux 7, 23-28 ; Marc 12, 28-34)

Les israélites, en Egypte comme dans la terre de Canaan, étaient entourés de peuples qui adoraient plusieurs dieux. Moïse et les prophètes ont souvent dû leur rappeler qu’ils n’avaient qu’un seul Dieu, le Seigneur.

Pour nous, chrétiens, il n’y a qu’un seul Sauveur, Jésus, et « Dieu a jugé bon qu’habite en lui toute plénitude et que tout, par le Christ, lui soit enfin réconcilié, faisant la paix par le sang de sa Croix » (Col. 1, 19-20). Alors, pourquoi appelons-nous Notre Dame de la Salette Réconciliatrice des pécheurs ?

Elle ne s’est pas approprié ce titre. Il lui vient des fidèles. Ils n’étaient ni théologiens ni hérétiques. Ils comprenaient, comme nous d’ailleurs, que Marie est réconciliatrice par association à l’Unique Réconciliateur. D’une part, elle le prie sans cesse pour nous ; d’autre part, elle vient pour nous rapprocher de lui, portant sur sa poitrine le suprême symbole de la réconciliation, son Fils crucifié qui, selon la Lettre aux Hébreux, est toujours « capable de sauver d’une manière définitive ceux qui par lui s’avancent vers Dieu, car il est toujours vivant pour intercéder en leur faveur. »

Au fonds, la Belle Dame nous invite à faire nôtres les paroles du psalmiste : « Je t’aime, Seigneur, ma force : Seigneur, mon roc, ma forteresse, Dieu mon libérateur, le rocher qui m’abrite, mon bouclier, mon fort, mon arme de victoire ! »

Remarquez particulièrement l’usage de la parole ‘roc’. Ce mot sert souvent de métaphore pour Dieu, fondement solide de notre foi. Jésus s’en sert à la fin du Sermon de la montagne pour décrire son enseignement.

Remarquez aussi l’insistance sur le pronom ‘mon. » Dieu n’est pas force, roc, forteresse, etc., de façon abstraite, mais de façon toute personnelle. De même, nous appelons Dieu ‘notre’ Père, et Jésus ‘notre’ Seigneur et, oui, la Vierge ‘notre’ Dame.

La même emphase se voit dans ‘le premier de tous les commandements,’ cité dans l’Evangile et dans Deutéronome : « Tu aimeras le Seigneur tonDieu de tout toncœur, de toute tonâme, de tout tonesprit et de toute taforce. » La foi n’est pas simplement de la théologie, ni la connaissance académique de l’Ecriture sainte. Si ‘la’ foi ne devient pas ‘notre’ foi, ‘ma’ foi, et la ‘vôtre’ aussi, alors il y manque l’élément le plus important.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

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Je vais les ramener

(30edimanche du Temps ordinaire: Jérémie 31, 7-9; Hébreux 5, 1-6; Marc 10, 46-52)

Il n’est pas difficile de voir le rapprochement de la Salette avec les images du psaume responsorial : « Il s’en va, il s’en va en pleurant, il jette la semence ; il s’en vient, il s’en vient dans la joie, il rapporte les gerbes » —les larmes (de Marie et de son peuple) versées sur les récoltes gâtées, et la promesse qui suit, de récoltes abondantes.

Le contexte de ce psaume, ainsi que de la première lecture, nous donne l’image du peuple de Dieu revenant de l’exile. C’est l’œuvre de Diu. Nul n’est exclu.

On trouve un contexte semblable à la Salette. Les chrétiens vivaient en exil de leur propre foi ! Dans leurs moments de crise ils n’avaient que leurs propres ressources, que se révélaient inadéquates. Par l’intermédiaire de la Belle Dame, Dieu leur offrait un retour.

Le peuple d’Israël passa soixante-dix ans en exil. Ils avaient amplement le temps pour réfléchir sur leur apostasie et celle de leurs ancêtres. Une fois revenus enfin dans leur patrie, ils étaient bien résolus d’être fidèles à Dieu et d’adorer lui seul. Ils étaient prêts à se soumettre.

A la Salette, Marie dit, « Je vous l'avais fait voir l'année passée par les pommes de terre : vous n'en avez pas fait cas. » Comme Israël d’autrefois, son peuple n’arrivait pas à comprendre ce qui allait se passer. Ils courraient, eux aussi, le risque d’être abandonnés. Jésus, selon la parole de la Lettre aux Hébreux, avait été « capable de compréhension envers ceux qui commettent des fautes par ignorance ou par égarement, » mais maintenant c’était l’heure où Marie, sa Mère, se voyait « chargée de le prier sans cesse. »

Elle a parlé de soumission, née non d’esclavage mais de confiance. Prenez, par exemple, l’aveugle Bartimée. Il sait bien qu’il n’a aucun droit à l’attention de Jésus ; in le dit rien à ceux qui veulent le faire taire, mais continue son cri, « Fils de David, prends pitié de moi ! » Debout devant Jésus, il le nomme Maître.

Voilà justement l’esprit de soumission. Ne pouvant rien faire pour changer sa situation, il croit que Jésus peut le conduire de l’obscurité à la lumière.

Notre Dame nous rappelle que l’on peut être ramené de toute obscurité, de tout esclavage, de tout exil. Mais de notre part il faut reconnaître notre besoin, et nous tourner vers le Seigneur avec espoir solide. Alors nous pousserons des cris de joie.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

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Ambition chrétienne

(29edimanche du Temps ordinaire : Isaïe 53, 10-11 ; Hébreux 4, 14-16 ; Marc 10, 35-45)

Imaginez comme Jacques et Jean se sentaient trompés dans leur attente ! Après leur déclaration d’être prêts à boire la même coupe et partager le même baptême que Jésus, et ayant été assurés par Jésus qu’il en serait ainsi, leur demande ambitieuse fut alors rejetée.

L’ambition en soi n’est pas mauvaise, mais elle tend à l’égoïsme. C’est pourquoi st Paul, dans la 1èreaux Corinthiens, quand il exhorte les chrétiens à rechercher les dons les plus grands, ajoute immédiatement, en fournissant plusieurs exemples, que la charité en est la plus grande.

C’est peut-être pourquoi Notre Dame de la Salette choisit comme témoins de simples enfants, qui seraient moins aptes à comprendre l’importance du don qu’ils ont reçu et moins enclins à se livrer à la vaine gloire.

Notre ambition doit être de rendre à Dieu notre meilleur service et de le laisser juger de nos efforts. La visite de Marie à la Salette fut une espèce ‘d’évaluation’ de son peuple. Ils laissaient à désirer. Ils avaient peu d’ambition pour les choses de Dieu, et elle voulait leur démontrer le danger auquel ils s’exposaient.

En même temps, elle désirait ne pas les décourager. Son message nous demande, selon la parole de la Lettre aux Hébreux, de nous approcher « avec assurance vers le Trône de la grâce, pour obtenir miséricorde et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours. »

Jésus montre aux apôtres que leur vocation ne leur donne aucun droit à s’attribuer du mérite personnel. Oui, ils ont reçu leur autorité de lui, mais elle doit s’exercer dans le service. Tout le bien qu’ils pourront accomplir ne provient pas d’eux, c’est l’œuvre de Dieu.

Les épreuves endurées seront en imitation du Seigneur, qui « n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude, » et qui, en serviteur de Dieu, était « éprouvé en toutes choses, à notre ressemblance, excepté le péché, » et « justifiera les multitudes, en se chargeant de leurs fautes. »

Le Psaume 115 contient ce beau verset : « Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu'il m'a fait ? » La prochaine fois que vous vous trouvez en face d’un crucifix, souvenez-vous de ce que le Seigneur Jésus a fait pour vous. Comparez cela à ce que vous avez fait pour lui. Répondez ensuite à la question du psalmiste. Soyez ambitieux !

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

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Comptabilité

(28edimanche du Temps ordinaire : Sagesse 7, 7-11 ; Hébreux 4, 12-13 ; Marc 10, 17-30)

La Lettre aux Hébreux nous rappelle : « Tout est nu devant elle, soumis à son regard ; nous aurons à lui rendre des comptes. » Oui, nous savons bien qu’il y ara le moment du jugement, tout comme nous savons que la mort nous viendra, un jour, mais nous préférons ne pas penser à ces choses.

Dans les finances, la comptabilité contient un rapport faisant état du revenu et des dépenses. Mais comment devons-nous juger ce rapport ? En le comparant au budget. Voilà le critère pour déterminer la santé fiscale.

Le texte bref de la Lettre aux Hébreux nous donne l’équivalent du ‘budget’ dans l’expression ‘la parole de Dieu’ (‘elle’ dans la citation ci-dessus). C’est par notre réponse personnelle à la parole de Dieu que nous serons jugés.

Notre Dame de la Salette attire l’attention au ‘budget’ par ses références aux commandements, que la plupart de chrétiens considèrent le critère principal pour les comptes que nous devons rendre à Dieu. Nous les avons appris par cœur dans notre enfance ; je me souviens encore de la version chantée que j’ai apprise en élémentaire dans les années 50 !

Mais la parole de Dieu contient plus que les dix commandements. Dans l’Ancien Testament, la Sagesse est prônée comme le but ultime, l’expression la plus haute de la parole de Dieu, le meilleur guide dans les choses de Dieu. La première lecture chante ses louanges.

Dans le Nouveau Testament, on n’advient pas à compter les critères pour notre comptabilité. On pense immédiatement au Sermon de la Montagne, surtout aux béatitudes. L’Evangile d’aujourd’hui nous met en garde contre les dangers de la richesse matérielle.

Salomon dit : « J’ai supplié, et l’esprit de la Sagesse est venu en moi. » Dans le Premier Livre des Rois, 3, 11-12, Dieu le félicite de ne pas avoir demandé de longs jours, ni la richesse, mais le discernement. Alors Dieu accéda à sa demande.

Sous-entendu dans tous ces textes est le désire de connaître la volonté de Dieu afin de pouvoir l’accomplir. C’est le manque de ce désir que notre Mère Marie observait dans son peuple, et elle est venue à la Salette dans l’espoir de leur ouvrir les oreilles à la parole de Dieu, les yeux à l’œuvre de Dieu, et les cœurs à sa volonté.

C’est ainsi seulement que nous pourrons nous engager à vivre une vie chrétienne, et que nous pourrons dresser notre ‘budget’ en vue de la comptabilité définitive.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Publié dans MISSION (FR)
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