Appelés dès la naissance
(Naissance de Jean Baptiste : Isaïe 49, 1-6 ; Actes 13, 22-26 ; Luc 1, 57-66, 80)
Les voisins et la famille d’Elisabeth se demandaient ce que deviendrait son enfant. Nous connaissons maintenant son histoire. Son rôle : marcher devant, à la face du Seigneur, et préparer ses chemins. Il se rendait bien compte qu’il n’en était pas digne. Il semble même avoir eu pour un moment le sentiment du Serviteur du Seigneur chez Isaïe : « Et moi, je disais : Je me suis fatigué pour rien, c’est en pure perte que j’ai usé mes forces. »
Mélanie Mathieu et Maximin Giraud furent, disons-le, appelés dès la naissance à annoncer l’évènement de la Salette. La vie des deux, plus tard, a été plutôt instable, en partie parce que ceux qui les entouraient pensaient qu’ils étaient destinés à une vocation ecclésiastique. Ils s’y essayèrent bien volontiers, mais sans succès pour ni l’un ni l’autre.
D’après les descriptions contemporaines, Maximin aurait pu être ce qu’on appelle aujourd’hui autiste, incapable de rester tranquille. Il n’a jamais trouvé sa place dans aucune des occupations qu’il a poursuivies, et s’est souvent trouvé criblé de dettes. Il est mort en 1875, âgé seulement de 40 ans.
Mélanie au début était excessivement taciturne et timide, mais avec le passage des années, un changement extraordinaire « a bouleversé les rapports entre Mélanie et l’apparition du 19 septembre 1846 : c’est la voyante qui est devenu le personnage central, tandis que le fait de la Salette vient occuper une modeste place parmi de nombreux autres phénomènes extraordinaires. » (Jean Stern, m.s.)
Mon but ici n’est pas d’insister sur l’indignité de Mélanie et de Maximin. Cela va sans dire. Comme Jean Baptiste, sans mérite personnel ils ont été choisis par la grâce de Dieu dans son plan divin.
Oui, Dieu nous appelle à la sainteté. Cela ne change pas ce que nous sommes. De fait, les défauts des enfants rendaient leur récit plus croyable. Ignorants qu’ils étaient, ils n’auraient pu inventer une telle histoire, encore moins un tel message, et dans une langue qu’ils connaissaient à peine. Mais leur simplicité, leur humilité et leur fidélité à raconter le fait les rendaient d’autant plus dignes de foi.
Personne n’aurait réussi à prédire comment seraient leurs vies après l’apparition. Nous connaissons maintenant leur histoire. Essentiellement nous y voyons une rencontre avec le divin, à laquelle Dieu les avait destinés et, malgré leurs défauts, une fidélité à la mission reçue. Les témoins de la Belle Dame nous sont, à tous et chacun, d’excellents modèles.
Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.